Une mission essentielle mais difficile, compte tenu de la présence de plusieurs handicaps, à savoir les budgets réduits des écoles et la surcharge des classes due au nombre insuffisant d'infrastructures scolaires et exceptionnellement la révision à la baisse des moyennes de passage entre les niveaux pour des millions d'élèves. Testé et approuvé dans plusieurs pays à travers le monde et encouragé par l'Unesco, le e-learning, pilier de l'école du futur, peine à être adopté en Algérie. L'enseignement à distance, lancé dès le début du confinement suite à la propagation du coronavirus, reste encore une simple mesure d'urgence pour sauver la scolarité des millions d'élèves. Pourtant, le saut vers cette étape numérique d'apprentissage est inévitable. Elle est même bénéfique aussi bien pour l'Etat et les élèves que pour leurs parents. Comment ? Les risques liés à la propagation de la pandémie actuelle ont mené les autorités du pays à décider la fermeture des écoles. Leur réouverture en octobre, date de la rentrée scolaire, est tributaire de la situation épidémiologique du pays et aussi de la capacité à respecter les mesures de prévention contre la Covid-19. Une mission difficile, compte tenu de la présence de plusieurs handicaps, à savoir les budgets réduits des écoles et la surcharge des classes due au nombre insuffisant d'infrastructures scolaires et exceptionnellement la révision à la baisse des moyennes de passage entre les niveaux pour des millions d'élèves. Le e-learning dans sa vraie conception, où un minimum d'interactivité est assuré, aurait pu remédier à toute cette perturbation de fin d'année. Les expériences menées dans plusieurs pays, dont nos voisins, témoignent de l'efficacité de cette méthode d'apprentissage, durant ces périodes de crise et en temps normal. Un manque à gagner En plus de garantir un minimum de distanciation physique, le e-learning pourrait même permettre aux élèves d'entrer dans le bain à travers des classes virtuelles avant même l'ouverture officielle des écoles. Ceci s'ajoute aux économies très importantes au profit de la trésorerie de l'Etat. Les budgets faramineux attribués à l'achat du papier et les subventions du livre scolaire, qui dépassent les 6,5 milliards de dinars,selon les derniers chiffres, pourraient très bien être investis dans la fabrication des tablettes et la création d'application made in DZ pour les programmes scolaires. Un investissement efficace et durable. Côté parents, le prix des tablettes oscille entre 12 000 et 26 000 DA pour la moyenne gamme. Une somme que les parents ne débourseront qu'une seule fois chaque 2 ou 3 ans. Ceci contrairement aux frais annuels de l'achat des affaires scolaires et des manuels qui peuvent aller de 12 000 à 20 000 DA au minimum. Pour ceux qui ont plus d'un enfant scolarisé, la facture de la rentrée est assez salée. L'adoption de la tablette et de l'enseignement numérique résoudrait aussi définitivement le problème du poids du cartable. Dans un seul gadget, l'enfant a ses livres et ses cahiers au bout d'un clic. De plus, les spécialistes estiment que la génération actuelle et future, préparée dès la naissance au digital, est plus réceptive à ce mode d'apprentissage jugé plus ludique et plus facile à assimiler. Toutefois, pour faire ce saut, il est aujourd'hui indispensable de garantir un minimum de conditions. La dernière étude dévoilée par le Cread fait savoir que le souci le plus important à régler avant l'adoption de l'enseignement digital est l'accès à Internet à haut débit. Le Cread, qui a mené son enquête dans le milieu universitaire, a interrogé quelque 2000 enseignants sur cette expérience. Le but de cette étude, selon ses initiateurs, est d'apprécier la nature et les modalités des comportements et des attitudes des enseignants universitaires, ainsi que ceux des étudiants dans l'usage des Ntic et de savoir dans quelles conditions les cours sont dispensés et dans quelle mesure les plateformes et les moyens mis en place sont efficaces. D'après les résultats de l'étude, 60% des personnes touchées ont avoué avoir utilisé ce mode d'enseignement pour la première fois. 71% d'entre eux dénoncent la mauvaise qualité d'internet. Si tel est le cas à l'université, la situation est certainement pire dans les différents paliers d'enseignement fondamental. Avec tout ce que peut apporter le e-learning en valeur ajoutée au système éducatif, il est aujourd'hui impératif de faire ce pas. Le ministère de l'Education nationale avait récemment annoncé, dans sa circulaire cadre relative à la préparation de la rentrée 2020-2021, qu'une expérience pilote sera bientôt menée. Aucun détail n'est toutefois donné.