Le M-Learning (éducation mobile) et les Serious Games (jeux sérieux) ont été les thématiques du premier forum de Mobilis destiné aux journalistes qui s'est tenu, hier, à Alger. En présence d'un panel d'experts, la question de l'éducation mobile et des jeux sérieux a été largement débattue. Que signifie le Serious Game (jeu sérieux) ? C'est un logiciel qui combine une intention "sérieuse" de type pédagogique, informatif, communicationnel, marketing ou autres avec des ressorts ludiques. Autrement dit, un jeu sérieux englobe tous les jeux vidéo qui s'écartent du seul divertissement. Ce type de jeux est largement utilisé dans les établissements scolaires à l'étranger. La rencontre d'hier s'est essentiellement axée sur la possibilité d'intégrer de telles méthodes d'enseignement en Algérie. Selon les spécialistes, cette méthode d'apprentissage ne demande pas un grand débit Internet, une connexion 512 Kb est suffisante. Pour Ferhat Khennak, docteur et chercheur spécialisé dans le e-Learning et les Serious Games, l'Algérie n'est pas très visible dans le domaine des TIC. Selon lui, "il y a le monde et il y a l'Algérie". Il reconnaît, aussi, que notre pays accuse un grand retard dans le domaine du M-Learning. D'après lui, les principales raisons de ce retard sont multiples. Il y a d'abord la résistance de certains enseignants à s'adapter à la technologie et au développement. Ensuite, il y a le divorce consommé entre chercheurs et praticiens. "Pour que le M-Learning fonctionne en Algérie, il faut des infrastructures, des moyens, la motivation et la responsabilisation", souligne M. Khennak. Le spécialiste assure qu'en Algérie, il y a un manque d'espaces et de connexion, ce qui handicape davantage le développement de ses méthodes d'apprentissage chez nous. Par ailleurs, le spécialiste fait savoir que le ministère de l'Enseignement supérieur développe le V-Learning, enseignement par vidéo conférence. "Le ministère de l'Enseignement a déboursé 1,3 milliard de centimes pour doter toutes les universités algériennes du V-Learning, mais le concept est un échec, car les enseignants refusent de s'adapter. Pour eux, cette méthode de travail représente un effort supplémentaire. Ce qu'ils refusent de faire", regrette-t-il. Il faut savoir que l'Algérie a été le second pays au monde à s'être doté de cette technologie après l'Australie. M. Khennak affirme qu'une telle technologie fait gagner aux enseignants et aux étudiants beaucoup d'efforts. "En Algérie, nous avons énormément de contraintes. Le manque de transport, les embouteillages, les distances parcourues pour arriver à l'université et même la surcharge des universités. Avec le V-Learning, enseignants et étudiants peuvent évoluer sereinement", a-t-il expliqué. Le marché du M-Learning a explosé partout dans le monde ces dernières années, pour atteindre les 57,8 milliards de dollars en 2014. Pendant ce temps, l'Algérie utilise toujours les méthodes traditionnelles dans le système éducatif. Cependant, des expériences dans le M-Learning et le Serious Game commencent à foisonner. L'une de ses tentatives est le quizzito, qui est la première expérience de Serious Game en Algérie. Le principe de ce site est de réconcilier les enfants avec la lecture via le jeu. Le site, alimenté par un contenu algérien, est destiné aux enfants algériens. Selon le créateur du site, Abdelhamid Harizi, plusieurs expériences ont été menées dans des établissements scolaires, publics et privés, et les résultats sont encourageants. "Les élèves adhèrent complètement à cette technique d'apprentissage. Nous avons plus de 850 questionnaires et plus de 10 000 questions", explique-t-il. Pour sa part, le président-directeur général de Mobilis, Saâd Dama, a annoncé que "son entreprise est prête à ouvrir les portes du Mobilis Café aux enfants des travailleurs de l'opérateur téléphonique, à tous les enfants pour les après-midi de lecture et pour les Serious Games, dont le quizzito". D. S.