Plus de 20 millions de personnes dans le monde sont atteintes du cancer, l'une des premières causes de décès. En Algérie, avec 20 000 décès enregistrés chaque année, cette pathologie est devenue émergente et constitue une préoccupation de santé majeure. En 2003, l'incidence était estimée à 100 cas/100 000 habitants, selon les registres du cancer (il existe trois registres régionaux), soit 30 000 nouveaux cas chaque année. A Oran, selon les statistiques du service d'oncologie médicale du CHUO, 6 203 nouveaux cas ont été enregistrés durant la période allant de 2000 à 2004, pour une population estimée à 1 265 038 habitants (selon le dernier recensement de 1998). 1 090 nouveaux cas ont été enregistrés l'année précédente, dont 606 chez l'homme et 484 chez la femme. Ce chiffre a connu une nette régression si on le compare avec celui de 2003, où il a été répertorié 1 136 cas dont 606 chez la femme et 530 chez l'homme. En 2002, il a été enregistré 1 277 cas, alors qu'en 2001, 1 398 nouveaux cas, dont 724 chez la femme, ont été déclarés. En 2000, on a pu dénombrer 1 302 cas dont 689 chez la femme. Le cancer du sein en première position En général et avec une incidence de 25%, le cancer du sein occupe la première place (300 cas enregistrés à Oran en 2003 dont 15 chez l'homme), suivi par celui du col-rectum avec 12%, tandis que le cancer du col-utérin se situe au 3e rang avec 7, 5%. Il y a lieu de signaler que 500 000 femmes dans le monde sont frappées, chaque année, par ce genre de cancer ; 280 000 en décèdent. Or, la majorité de ces femmes vivent dans les pays en voie de développement, là où le dépistage est encore trop peu pratiqué. Ce type de cancer peut être aisément prévenu par le dépistage et le traitement rapide des lésions précancéreuses. Une femme sexuellement active sur deux est exposée, au cours de sa vie, au virus qui provoque ce genre de cancers et, dans la majorité des cas, il disparaît sans même avoir été détecté. Ainsi, il est vivement conseillé d'aller se faire dépister tous les 3 ans. Par ailleurs, chez l'homme, le cancer du poumon occupe incontestablement, depuis plusieurs années, la première place, avec 196 nouveaux cas enregistrés en 2003 à Oran, suivi par celui de la vessie. Alors que, chez ce dernier, les tumeurs du col-rectum (56 cas) et celles de l'estomac (36 cas) occupent respectivement les 3e et 4e places. Chez la femme, les tumeurs du sein, avec 285 cas enregistrés, soit 26,4% des cancers détectés chez la femme en 2003 et quelque 1 770 interventions chirurgicales effectuées au CHUO en 2004, suivis par le cancer du col-utérin avec 49 cas, occupent respectivement la 1e et la 2e place. Vient ensuite le cancer du col-rectum avec 47 cas enregistrés en 2003. D'autre part, les atteintes tumorales chez l'enfant (entre 0 et 14 ans) dominées par les lymphomes et les leucémies (plus de 27%), sont équitables du point de vue sexe. Elles représentent globalement une proportion de plus de 8%, ce qui constitue une fréquence relativement élevée. « La maladie cancéreuse est à l'origine d'une série de réactions psychologiques complexes qu'il est important de connaître. Celles-ci, souvent sous-estimées par le clinicien durant différents stades de la maladie, vont faire apparaître une grande variété de troubles psychologiques allant de l'anxiété, au sentiment de révolte, en passant par le sentiment de culpabilité, la recherche de solitude et les manifestations phobiques », selon Mme Ben Osman, psychologue au CHU de Tlemcen. Le CHUO manque de moyens Le service d'oncologie médicale relevant du CHUO, et qui ne dispose que de 60 lits, doit faire face à l'arrivée de quelque 8 000 cancéreux venus de 15 wilayas de la région Ouest. Au niveau national, on ne dispose que de 4 ou 5 unités de même type. Outre le manque d'équipement et de personnel spécialisé, le service souffre d'un manque flagrant en produits utilisés en chimiothérapie, destinée à détruire les cellules cancéreuses dans le corps et utilisée chez la plupart des patients. « J'ai fais des centaines de kilomètres pour rejoindre le service d'oncologie de CHUO, et ce après avoir souffert le martyre pour décrocher un rendez-vous pour une séance de chimiothérapie. Ma surprise a été grande quand on m'a appris qu'il n'y a pas de médicaments ! », nous a confié une patiente venue de la wilaya de Naâma. Plus de 60% des cancers pourraient être évités si les populations arrêtaient de fumer, faisaient davantage d'exercices, mangeaient plus sainement et passaient des examens de routine recommandés.