Il est prévu une augmentation rapide des cancers féminins dans les pays sous-développés où les moyens de dépistage font défaut. Au moment où la pandémie de la grippe porcine occupe la scène internationale, un autre mal sévit de plus en plus. C'est le cancer sous toutes ses formes. Le nombre de cancers pourrait doubler au niveau mondial au cours des 20 prochaines années. Ce terrible constat a été fait par le groupe de travail Can Treat International dont le rapport a été publié hier à Berlin en Allemagne. Les cancers féminins semblent être les plus meurtriers. Les quatre coins du monde sont concernés. Ainsi, plus de 85% des décès par cancer du col de l'utérus surviennent dans les pays en développement, selon ce rapport qui a été publié à l'occasion du 34e Congrès de la Société européenne d'oncologie médicale (Esmo). Toutefois, le groupe d'experts, auteurs du rapport, prévoit une augmentation rapide des cancers féminins dans des pays sous-développés et démunis de moyens permettant le dépistage et le traitement de ces cancers. Plus que cela, ils prévoient une concentration accrue des cas dans les pays à revenu faible et intermédiaire, sachant que chaque année le cancer fait dans ces pays plus de morts que le Sida, la tuberculose et le paludisme. Et pour cause, l'année 2008 à elle seule, a fait plus de la moitié des 12,4 millions de nouveaux cas et deux-tiers des 7,6 millions de décès dus aux cancers survenus dans ces pays. Des chiffres qui donnent froid dans le dos. C'est pourquoi les experts en oncologie appellent à une action rapide et efficace. Dans le contenu du rappel, il y a un appel des plus urgents à lutter «particulièrement contre l'épidémie galopante et largement sous-estimée des cancers féminins» dans les pays pauvres. Ainsi, selon le document, le cancer du col de l'utérus a tué, en 2007 plus de 272.000 femmes dans les pays en développement. Quant au cancer du sein, l'incidence mondiale augmente à raison de 0,5% et ce par an depuis 1990. Mais cette augmentation est dix fois plus rapide dans les pays à revenu faible et intermédiaire. En Chine, l'augmentation annuelle est comprise entre 3 et 4%. L'accès au traitement estimé inégal y est aussi pour beaucoup dans cette situation. Les experts sont très inquiets et précisent, à titre d'exemple, que seulement 20% des patients ont accès à la radiothérapie en Afrique. Et plus de 30 pays africains et asiatiques ne disposent d'aucun service de radiothérapie, cette dernière étant l'un des piliers du traitement du cancer. L'Algérie, considérée parmi les pays en voie de développement, n'est pas en reste en matière de cancers qui deviennent un problème majeur de santé publique. Selon le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, les différents types de cancers qui sévissent en Algérie toucheraient 250.000 personnes. Les cancers féminins sont les plus fréquents. Entre 4000 et 7000 nouveaux cas de cancer du sein sont enregistrés chaque année. Considéré comme la première cause de mortalité chez les femmes en Algérie, ce cancer peut être guéri s'il est dépisté à temps. D'autre part, plus de 3000 femmes sont atteintes du cancer du col de l'utérus, deuxième cause de mortalité. Dans un décor pareil, misère et ignorance obligent, uniquement 4% de la population féminine consultent pour un dépistage. Le coût de la prise en charge des malades du cancer est estimé à deux milliards et demi de dinars par an et par personne. Par ailleurs, la problématique qui prête à inquiétude est l'absence, en Algérie, de politique cohérente du médicament qui prendrait en charge la donne des cancéreux ayant besoin d'un traitement à vie. Pour ce faire, une action concertée associant pouvoirs publics, bailleurs de fonds et laboratoires pharmaceutiques est vivement souhaitée.