Le représentant de l'UE pour la diplomatie, Josep Borrell, a menacé hier Ankara de nouvelles sanctions s'il n'y a pas de progrès dans le dialogue avec Athènes sur la crise en Méditerranée orientale. «En l'absence de progrès de la part de la Turquie, nous pourrions établir une liste de nouvelles mesures restrictives» qui serait discutée au sommet de l'UE le 24 septembre, a déclaré M. Borrell, à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres à Berlin. Malgré les appels à la désescalade, des manœuvres militaires rivales ont eu lieu mercredi en Méditerranée orientale, dans un contexte de tensions croissantes entre la Turquie et la Grèce, toutes deux membres de l'Otan, qui se disputent des zones maritimes riches en hydrocarbures. D'un côté, des navires de guerre turcs ont procédé à des exercices avec un destroyer américain, selon le ministère turc de la Défense. De l'autre, «Chypre, la Grèce, la France et l'Italie se sont mises d'accord pour déployer une présence commune en Méditerranée orientale dans le cadre de l'Initiative quadripartite de coopération (QUAD)», a annoncé le ministère grec de la Défense. L'exercice européen a commencé mercredi et devait durer jusqu'à hier dans le sud et le sud-ouest de Chypre, selon une source militaire. Ces manœuvres interviennent en plein accroissement des tensions entre la Turquie et la Grèce en Méditerranée orientale, où la découverte d'importants gisements gaziers ces dernières années a aggravé des disputes anciennes entre ces deux pays voisins concernant leurs frontières maritimes. Elles «n'aident pas» à la désescalade prônée par l'Allemagne, qui assure la présidence tournante de l'UE, a estimé la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, à l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Union européenne à Berlin. Elles visent à «réaffirmer à la fois le droit international et la liberté de navigation», a précisé le ministère français des Armées, selon lequel ce déploiement, «planifié depuis un certain temps», n'est pas une escalade. Depuis le 10 août, le bâtiment sismique turc Oruç Reis accompagné d'une escorte navale se trouve dans cette zone, provoquant l'ire d'Athènes qui a répliqué en envoyant sur place des bâtiments. La France a averti Ankara que la Méditerranée orientale ne pouvait pas constituer «un terrain de jeu» pour des «ambitions» nationales. En dépit des appels à la désescalade en provenance de l'Europe, des Etats-Unis et de l'Otan, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a averti que la Turquie ne ferait «aucune concession» pour défendre ses intérêts gaziers en Méditerranée orientale. Il a appelé ses «interlocuteurs» à «se garder de toute erreur» qui mènerait à leur «ruine», dans une allusion à la Grèce qu'il n'a pas nommée.