Une étude sur l'utilisation des biotechnologies pour la sélection des animaux résistants à la maladie à Prion ou Scrapie, chez les caprins d'Algérie, a été menée par le Dr Fantazi Khaled, et présentée à Touggourt, a démontré l'érosion génétique du cheptel national et l'absence d'informations sur les caractéristiques génétiques et phénotypiques des races de chèvres principalement due aux croisements avec des races commerciales importées avec un risque potentiel de baisse de résistance des espèces autochtones et l'émergence de maladies dévastatrices. Le Dr Fantazi est enseignant chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (INRAA) et membre d'une équipe de ressources zoo génétiques travaillant sur la caractérisation de l'élevage utilisant les nouvelles technologies (biotechnologie et séquençage ADN). Alerté par la découverte pour la première fois dans le monde de nouveaux cas cliniques d'Encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) chez le dromadaire algérien ressemblant à la vache folle, par le Dr Babelhadj de l'université Kasdi Merbah en 2018, l'idée d'étudier et de mieux connaître les maladies à prion chez le caprin a germé dans son esprit, d'autant que l'Algérie compte plus de 5 millions de chèvres autochtones élevées en mode traditionnel et représentant une ressource importante de lait et de viande dans les zones marginales telles que le Sahara, la montagne et la steppe. Le Dr Fantazi souligne que le cheptel caprin est confronté à 107 affections répertoriées et reconnues prioritaires par l'Office international des épizooties (OIE), dont les maladies contagieuses les plus diffusibles, comme la fièvre aphteuse, la clavelée et la variole, mais aussi la brucellose, la rage et la fièvre charbonneuse. Un des objectifs de l'étude est d'utiliser l'outil de la génomique pour les études de sélections et de développement durable des races locales. La question du risque sanitaire pour l'homme est balayée, puisque l'ESB vache folle est transmissible, mais pas la tremblante à prions, rassure-t-il. Reste le passage de la vache folle au mouton et à la chèvre avec des cas détectés en Europe et des moyens de transmission encore mal connus par ingestion et pendant les naissances de mère à petits, avec la présence de la protéine prion dans le lait et le colostrum. L'éradication passe obligatoirement par l'abattage et la sélection génétique par béliers résistants, sachant que cette maladie est mortelle et qu'il n'existe pas de test de diagnostic biologique ou radiologique. C'est à partir de ce constat que l'étude a ciblé les espèces caprines rustiques, dont la naine de Kabylie, la arbia, la mekatia et la m'zabia, prélevées dans les régions des montagnes à Tizi Ouzou et Béjaïa, Djelfa, Tiaret et Tissemsilt pour la steppe du Nord, Laghouat pour la steppe du Sud et autres points de la région saharienne. L'étude a permis une contribution à la caractérisation génétique du cheptel caprin algérien par la maîtrise des nouvelles biotechnologies et l'initiation de programmes de sélection et de sauvegarde des races caprines par l'utilisation de la sélection sur gènes notant une certaine ressemblance génétique entre les races caprines algériennes et méditerranéennes (Tunisie, Maroc, Espagne et le Sud italien spécialement). Elle a permis l'identification de neuf mutations génétiques avec les fréquences alléliques des races caprines et recommande en conséquence la mise en place d'un service de veille épidémiologique et des mesures défensives pour s'opposer à l'introduction de la maladie dans le pays par le contrôle des importations, même à titre expérimental. L'étude appelle également à approfondir les recherches sur les voies de transmission de cette maladie et à évaluer les risques de transmission inter espèce des animaux d'élevage, voire ceux concernant l'homme aussi.