Un ministre et deux hauts responsables de la sécurité au Liban ont été convoqués et seront entendus comme témoins, dans le cadre de l'enquête sur l'explosion meurtrière du port de Beyrouth, a affirmé hier une source judiciaire, relayée par des médias. L'explosion du 4 août a tué plus de 190 personnes et fait plus de 6500 blessés, dévastant des quartiers entiers de la capitale. Un juge d'instruction libanais, Fadi Sawan, a été chargé de l'enquête par les autorités libanaises, qui n'ont en revanche pas donné suite aux appels en faveur d'une procédure internationale. Le ministre du Transport et des Travaux publics, Michel Najjar, qui fait partie du gouvernement démissionnaire, sera entendu demain, tout comme le chef de la Surêté d'Etat, Tony Saliba, a précisé la source judiciaire s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. «S'il s'avérait qu'il y avait eu négligence de leur part, ils pourraient alors devenir des suspects et être interrogés à ce titre», a ajouté cette source. Lundi, c'est directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui sera entendu également comme témoin, d'après la même source. De l'aveu même des autorités, la déflagration a été provoquée par une importante quantité de nitrate d'ammonium stockée depuis plus de six ans «sans mesures de précaution» dans un entrepôt du port. Quelque 2750 tonnes de nitrate d'ammonium ont été initialement stockées. Mais, selon des informations relayées par certains médias citant des documents officiels, la quantité présente dans le hangar au moment de l'explosion aurait été beaucoup moins importante, notamment en raison de vols ces dernières années, facilités par l'existence d'une brèche dans l'entrepôt en question. Les principaux dirigeants de l'Etat, en premier lieu le président Michel Aoun et le Premier ministre démissionnaire Hassan Diab, ont été avertis des dangers que représentait cette cargaison. Face à l'indignation provoquée par la tragédie, les responsables se sont rejeté la responsabilité. Dans un communiqué après l'explosion, la Sûreté d'Etat a rappelé avoir alerté les autorités dans un rapport détaillé, citant un chimiste, selon lequel les quantités de nitrate d'ammonium stockées pourraient, en cas d'inflammation, provoquer une énorme explosion. Au total, quelque 25 personnes ont été arrêtées après le drame, notamment le directeur général du port, Hassan Koraytem, le directeur général des Douanes, Badri Daher, le directeur général du transport maritime et terrestre, Abdel Hafiz Al Kaissi, et quatre officiers. Il y a aussi parmi eux trois travailleurs syriens ayant effectué des travaux de soudure, quelques heures avant l'explosion, dans l'entrepôt abritant le nitrate d'ammonium.