Malgré les restrictions à cause de la propagation de la pandémie de Covid-19 dans les Territoires palestiniens occupés, des manifestations et des rassemblements populaires ont été organisés, mardi, dans les principales villes pour dénoncer les «accords de normalisation» entre l'entité sioniste d'un côté, les Emirats arabes unis et le royaume du Bahreïn de l'autre. C'est le commandement national unifié de la résistance populaire, fruit de la réunion des chefs des factions palestiniennes du 3 septembre, qui a appelé, dans son premier communiqué, le peuple palestinien à sortir dans les rues pour exprimer sa colère contre ce qu'il a qualifié de «trahison» et de «coup de poignard dans le dos des Palestiniens». Après avoir coupé toute relation avec les Etats-Unis pour leur parti pris flagrant en faveur de l'occupant, les Palestiniens semblent déterminés à prendre la voie de la résistance populaire sous toutes ses formes, quitte à se lancer dans une troisième «Intifadha». D'ailleurs, au moment de la signature à la Maison-Blanche, des accords de normalisation entre Israël d'un côté, les Emirats arabes unis et le royaume du Bahreïn de l'autre, sous le parrainage du président américain, Donald Trump, la résistance palestinienne a lancé deux missiles depuis la bande de Ghaza sur le sud de l'entité sioniste qui ont fait 8 blessés parmi les Israéliens. L'état de l'un des blessés a été qualifié de «grave». Ces missiles étaient surtout porteurs d'un message à l'occupation israélienne, à son allié les Etats-Unis et à tous les pays arabes qui pensent à normaliser leurs relations avec l'entité sioniste, disant que la clé de la paix et de la guerre est entre les mains des Palestiniens et personne d'autre. Toutes les factions palestiniennes ont fortement dénoncé les accords signés mardi à la Maison-Blanche et ont promis de poursuivre la lutte pour l'indépendance de l'Etat de Palestine avec Al Qods pour capitale. Dans son communiqué publié, mardi soir, après la fin de la cérémonie de signature, la présidence palestinienne a réaffirmé que personne n'a été mandaté pour parler au nom du peuple palestinien et au nom de l'Organisation de libération de la Palestine, le seul représentant légitime du peuple palestinien. Elle a ajouté que «le principal problème n'est pas entre les pays qui ont signé les accords avec l'autorité de l'occupation israélienne, mais avec le peuple palestinien qui vit sous l'occupation». La présidence palestinienne a averti de nouveau qu'«aucune paix, sécurité ou stabilité ne sera obtenue pour quiconque dans la région sans mettre fin à l'occupation et l'obtention des pleins droits du peuple palestinien selon les textes des résolutions de la légitimité internationale». La cause palestinienne ignorée Malgré le fait que 7 millions de Palestiniens vivent actuellement sur les terres de la Palestine historique, Israël et les territoires occupés, le même nombre que les Israéliens juifs, la cause palestinienne n'a pas été citée par les signataires des accords du 15 septembre à la Maison-Blanche. Ni le président américain, ni le Premier ministre israélien, ni les deux ministres des Affaires étrangères des Emirats arabes unis et du royaume du Bahreïn n'ont évoqué l'Etat palestinien indépendant. Cela est compréhensible de la part de Donald Trump et de Benyamin Netanyahu qui ne croient pas en une solution à deux Etats avec un Etat palestinien sur les frontières de 1967 et Al Qods (Jérusalem-Est) pour capitale. Mais le problème devient grave, lorsque les deux ministres arabes font de même. Cela ne peut signifier qu'une chose, ces deux pays arabes ont adopté la vision américano-israélienne de la paix. D'ailleurs, Saeb Erekat, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a déclaré que «les Emirats arabes unis et le royaume du Bahreïn sont d'accord sur les cartes contenues dans le plan du président Trump, ‘‘la transaction du siècle'' rejetée en bloc par l'ensemble des Palestiniens». Ces cartes montrent l'Etat palestinien, sans continuité territoriale, sans frontières avec les pays voisins et sans la ville sainte d'Al Qods occupée et annexée par l'entité sioniste en 1967. C'est la première fois que des pays arabes reconnaissent explicitement la souveraineté d'Israël sur la ville sainte et ses lieux saints, dont la mosquée d'Al Aqsa qui fait partie de l'idéologie musulmane. Sachant que d'autres pays arabes vont se joindre au processus de normalisation, les Palestiniens vont se trouver de plus en plus isolés et c'est le but des Américains et des Israéliens. Ils espèrent que les Palestiniens vont finalement abdiquer et accepter de vivre éternellement sous la tutelle de l'occupation. Chose difficile à imaginer par un peuple qui lutte depuis plus de sept décennies pour sa liberté et son indépendance. Les manifestations populaires, les rassemblements, les affrontements avec les soldats israéliens dans tous les lieux de contact en Cisjordanie occupée, les actions armées depuis la bande de Ghaza, le tout dans le cadre d'une résistance populaire réfléchie est le nouveau langage choisi par les Palestiniens pour s'adresser aux Israéliens, aux Américains et à tous les pays arabes qui se joindront à eux pour liquider la cause palestinienne. Ghaza De notre correspondant Farès Chahine