La reprise économique mondiale pourrait prendre cinq ans pour se réaliser, estime l'économiste en chef de la Banque mondiale, Carmen Reinhart, lors d'une conférence à Madrid. L'économiste considère que s'il y aura un redressement économique rapide après la levée des mesures de restriction liées au confinement, la reprise complète ne se manifestera que dans cinq années. La récession durera encore plus longtemps dans certains pays en exacerbant les inégalités, souligne la même analyste. «Les plus démunis sur les territoires riches seront plus sévèrement touchés par la crise, et les nations les plus pauvres plus durement affectées que les plus riches», affirme C. Reinhart. Selon un nouveau rapport de la BM, la pandémie menace de «réduire à néant les progrès durement obtenus au cours de la dernière décennie sur le plan de la santé et de l'éducation, surtout dans les pays les plus pauvres». Le président du groupe de la Banque mondiale, David Malpass, souligne que la pandémie «menace d'effacer une décennie d'efforts pour renforcer le capital humain, en particulier au niveau de la santé, des taux de survie, de la scolarisation et de retards de croissance. Elle a un impact économique particulièrement brutal sur les femmes et les familles les plus défavorisées, exposant de nombreux individus vulnérables à l'insécurité alimentaire et à la pauvreté». Il estime que «protéger les populations et investir dans leur avenir sont deux mesures cruciales pour jeter les bases d'un redressement durable et sans exclus et d'une croissance dynamique». Plus d'un milliard d'enfants ont été privés d'école du fait de la pandémie et pourrait, selon la BM, perdre potentiellement, en moyenne, une demi-année de scolarité compte tenu de l'apprentissage, avec en perspective un manque à gagner considérable. Les mêmes données relèvent également de profondes perturbations dans les services de santé essentiels, destinés aux femmes et aux enfants, un grand nombre d'entre eux n'ayant pas reçu les vaccins nécessaires. «A l'heure actuelle, de nombreux pays risquent de voir disparaître les gains durement acquis sur le plan du capital humain. Mais au-delà des efforts consentis pour rattraper le temps perdu, les gouvernements doivent s'employer à préserver et étendre les gains antérieurs en améliorant la couverture sanitaire et la qualité des soins dans les communautés marginalisées, en stimulant les résultats d'apprentissage en plus de la scolarisation et en soutenant les familles fragiles par des mesures de protection sociale adaptées à l'ampleur de la crise.»