Le Maroc a ouvert la voie à la reprise de la guerre au Sahara occidental. Les combats ont repris vendredi et le Front Polisario, qui a trop patienté avec l'accord de 1991 portant sur le cessez-le-feu et l'organisation du référendum d'autodétermination de son peuple, n'a rien vu depuis. Rabat s'est alors installé dans un statu quo qui arrange ses affaires. Il a en même profité pour avancer ses pions et consolider ses positions, soutenu notamment par la France qui lui apporte une protection inconditionnelle. L'accord signé sous les auspices de l'ONU prévoit que le mur de sable qui coupe le territoire en deux, construit avec le concours des Israéliens, à l'image de la fameuse ligne Baker, constitue une ligne de séparation entre les deux belligérants. Or, les Marocains, d'un bellicisme maladif, ont décidé de la violer. Pour cela, ils ont créé des brèches dans le mur dans la région de Guerguerat, proche de la frontière mauritanienne, à travers lesquelles ils envoyaient des camions de marchandises à destination de l'Afrique de l'Ouest. Un casus belli que ne pouvait supporter le Front Polisario. Depuis deux ans, il n'a pas cessé d'alerter le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le Conseil de sécurité. La Minurso fermait les yeux sur les agissements marocains. Il est vrai qu'elle était paralysée. Elle ne pouvait même pas s'occuper des droits de l'homme suite à l'opposition de la France qui a empêché l'adoption d'une résolution en ce sens. La patrie des droits de l'homme a toujours manifesté une hostilité ouverte au peuple sahraoui. Pour elle, la protection du trône alaouite primait sur tout. Guterres, de son côté, a gelé le dossier, encourageant l'aventurisme marocain. Il n'a même pas nommé son représentant personnel, pourtant essentiel pour relancer le processus de paix et les négociations entre les deux parties. Toutefois, un tel représentant est incontournable et sa désignation a été décidée par le Conseil de sécurité. Le jeu trouble du secrétaire général a provoqué le pourrissement de la situation. Il n'a pas laissé d'autre alternative au Front Polisario. Le palais royal a cru qu'avec le temps et la complicité de ses protecteurs, il arriverait à démobiliser les Sahraouis. Il a surtout tablé sur le fait qu'ils seront incapables de reprendre les armes. Il a oublié qu'à partir de 1974, l'armée sahraouie, partie de rien, a occasionné de terribles défaites aux FAR et n'étaient les monarchies arabes et Saddam Hussein qui fournissaient armements, munitions, argent et pétrole à Rabat, elles se seraient effondrées comme un château de cartes. En se livrant à des provocations à Guerguerat, provocations dénoncées y compris par le président de la commission de Défense du Sénat américain, Rabat a joué avec le feu. Il a remobilisé les Sahraouis. Ces derniers, qui n'ont jamais accepté d'être des éternels réfugiés, ont sauté sur l'occasion pour reprendre le chemin de la guerre. Toute la région en paiera le prix. Mais les rêves expansionnistes et colonialistes de la monarchie s'envoleront une fois pour toutes. Le peuple marocain lui aussi en sera libéré. Advertisements