Le programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC) pour 2005-2009 semble si ambitieux qu'il suscite de réels questionnements sur sa faisabilité. Doté d'un montant qui dépasse les 4200 milliards de dinars, soit 55 milliards de dollars, le PCSC promet la réalisation de milliers de projets d'ici à 2009. D'emblée, le facteur temps se pose avec acuité sur la capacité des entreprises nationales et même étrangères d'honorer leurs engagements dans un délai aussi limité. A titre d'exemple, le programme du logement prévoit la réalisation de 1 010 000 unités alors que les programmes 2002 et 2001 confiés à l'AADL ne sont pas encore achevés. Sur le même chapitre, des milliers de sinistrés de Boumerdès attendent à ce jour d'être relogés. Le projet du métro d'Alger en est une autre illustration puisqu'il a battu tous les records de longévité et englouti des montants astronomiques en restant au stade de chantier. La deuxième problématique inhérente à la mise en œuvre du PCSC consiste en la régulation et le contrôle de ces sommes faramineuses qui seront distribuées au niveau local. La dernière rencontre entre le chef du gouvernement et les walis suffira-t-elle à mettre en place des mécanismes de transparence et de rigueur dans la gestion des dépenses publiques ? Difficile de l'admettre sachant les labyrinthes inextricables que la corruption a tissés dans toutes les régions du pays. Les passations de marchés favorisent le gré à gré et beaucoup d'entreprises versent des pots-de-vin pour s'attribuer des projets juteux. Les procédures d'appels d'offres ouvertes et transparentes constituent l'exception qui confirme la règle. Les cahiers des charges sont devenus une simple formule sans aucun impact sur les délais de réalisation ni sur la qualité des ouvrages. Transparency International a, dans son rapport 2005, tiré la sonnette d'alarme sur l'ampleur de la corruption qui gangrène le secteur de la construction des grands ouvrages dans le monde entier. En Algérie, la corruption a ses complices à tous les échelons de responsabilité, à commencer par les APC jusqu'aux wilayas en passant par les daïras. Ainsi, on est enclin à s'interroger qui contrôle qui, notamment dans la réalisation des projets budgétivores comme le bâtiment, les travaux publics et les grandes infrastructures. Les maîtres d'ouvrage et les inspecteurs des travaux sont-ils suffisamment prémunis légalement et financièrement pour accomplir leur tâche d'une manière efficace ? Les projets qui traînent depuis des années et, plus grave encore, consomment des enveloppes supplémentaires dénotant la difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité, d'achever tous les chantiers inscrits dans l'agenda du PCSC. Concernant l'éventualité de faire appel aux entreprises étrangères, le terrain est également semé d'embûches puisque le système bancaire par le biais duquel se font les crédits n'arrive toujours pas à faire sa mue. Les arguments des étrangers sur leur réticence à investir en Algérie restent valables pour le PCSC. La bureaucratie et la lourdeur administratives rendent les entrepreneurs étrangers moins enthousiastes pour l'Algérie. Au bout du compte, la concrétisation du PCSC paraît un véritable défi pour l'Algérie et surtout pour Bouteflika. Attendons le verdict de 2009.