Directeur des Instituts nationaux de la santé américains (National Institutes of Health), M. Zerhouni a bien voulu, en marge des travaux de la rencontre euroméditerranéenne, nous accorder cet entretien express. Elias A. Zerhouni est d'origine algérienne. Il est né à Nédroma (Tlemcen). Il a commencé ses études de médecine en 1975 à l'université d'Alger et a continué son cursus universitaire à Johns Hopkins en 1978. Il a aussi travaillé au département de radiologie à l'Ecole médicale de Virginie. Lors de votre intervention, vous avez signalé que les coûts de santé aux Etats-Unis sont comparativement semblables à ceux des pays méditerranéens. Comment expliquez-vous cet état de fait ? Je dois préciser que le système de santé américain est différent de celui des pays de la Méditerranée. Mais il est clair que les coûts de prise en charge sont colossaux en raison de la prolongation de la durée de vie. Maintenant, les Etats-Unis connaissent un coût énorme de santé. Et cela est dû surtout aux interventions tardives. La prise en charge revient encore plus chère d'une manière exponentielle. Elle nécessite des performances au niveau du plateau technique et du personnel spécialisé. Comment peut-on, selon vous, réduire ces dépenses énormes ? Il faut d'abord investir dans des stratégies diversifiées précoces. Ce qui pourrait faire face à la sévérité de ces maladies, notamment les maladies chroniques. La prise en charge du diabète pourrait revenir moins cher si elle est faite précocement. Cela nous permettra de diminuer les journées d'hospitalisation, par exemple. Ce qui nous reviendra à un coût moindre. Il n'y a pas de solution magique. L'essentiel est d'avoir une stratégie fondée sur une analyse socioéconomique et avoir une politique de santé publique. La création d'infrastructures lourdes à la mesure de ces maladies lourdes est tout aussi indispensable, mais tout en minimisant les rôles. Ces centres médicaux doivent être performants en matière d'équipement et de personnels et doivent être gérés d'une manière coordonnée dans l'esprit d'un travail d'équipe pour un traitement moderne. Comme il est essentiel de développer les instituts de santé et engager des recherches épidémiologiques selon les spécificités locales. Le système de santé est comme une symphonie qui se joue avec les dix doigts. Il nécessite une stratégie combinée et intégrée. Qu'en est-il du système de santé aux Etats-Unis ? Des erreurs ont été commises en Amérique. Aujourd'hui, le problème de l'obésité fait ravage dans ce pays. Mais le modèle américain n'est pas à copier. II consiste en une vision moderne de la santé. Actuellement, le traitement des problèmes oncologiques, par exemple, ne se fait plus en milieu hospitalier. Les malades sont pris en charge en externe, dans leur propre environnement. Dans les années 1980, la durée moyenne d'hospitalisation était de vingt jours, alors qu'aujourd'hui elle est de cinq à six jours. Il est, en revanche, important de lancer des programmes de dépistage concernant les cancers. Ce qui doit se faire dans le cadre d'une stratégie combinée et harmonieuse. Quelles sont les missions des Instituts américains de santé ? Le National Institutes of Health (NIH) regroupe 27 instituts nationaux de santé. Il représente 27 000 employés, dont 6000 scientifiques. Son budget global est de 28,8 millions de dollars. Cette structure se penche sur la recherche médicale et la formation. L'institut offre également des réponses en matière de santé publique, notamment dans le cadre de la prise en charge de certaines maladies. Dans le cadre des découvertes, nous avons mis en place trois vaccins contre le SRAS l'année dernière.