Plusieurs employés de l'entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (ETUSA) et ses environs ont tenu durant la journée d'hier un mouvement de protestation à l'intérieur de l'esplanade de la centrale syndicale de l'UGTA à Aïssat Idir afin d'interpeller les autorités sur la crise que traversent plusieurs salariés de l'entreprise de transport. Ils étaient pas moins d'une trentaine de travailleurs à répondre à l'appel de la section syndicale de l'entreprise afin de protester contre ce qu'ils qualifient d'injustice et l'abus de pouvoir des responsables de la direction de l'Etusa. Parmi les travailleurs syndicalistes, cinq d'entre eux suspendus de leurs postes ont entamé une grève de la faim illimitée en signe de mécontentement contre la décision jugée «arbitraire» du directeur général, Yacine Karim, à en croire les protestataires. Affaiblis mais déterminés à défendre leur dignité et leurs familles, les grévistes offraient une mauvaise mine que la précarité du décor ne saurait minimiser : matelas en éponge et pancartes résument leur action. Les revendications de ces salariés frondeurs se résument en trois points : la réintégration des travailleurs suspendus. L'ouverture d'une enquête par le ministère et la direction sur les promotions du personnel et la gestion «aléatoire» de l'entreprise ainsi que l'organisation d'une nouvelle élection du Comité de participation (CP) tel que mentionné dans la décision de justice. «Nous demandons la réintégration des travailleurs suspendus par le DG de l'entreprise. Sa décision est jugée arbitraire et sans fondement», explique M. Azzi, l'un des membres du bureau syndical et SG de l'unité Centre de Hassiba Ben Bouali et en qualité du membre du conseil national du transport. Pour le syndicaliste, «cette grève de la faim est dictée par une série de péripéties qui se sont déroulées depuis le mois de septembre de l'année écoulée», fulmine notre interlocuteur. Date à laquelle les travailleurs syndiqués devaient décider le vote du Comité de participation de l'entreprise. Une opération qui n'a pas eu le résultat escompté puisque la direction a été soupçonnée, de l'avis de notre interlocuteur, de «soudoyer» des membres internes pour contrôler la gestion du CP. «La direction de l'entreprise a tout fait pour nous écarter des élections du CP grâce à certains syndicalistes qui ont été récupérés par la direction à leur profit. Pour contrôler la gestion du CP, les responsables de l'entreprise ont eu l'outrecuidance de désigner une autre personne qui ne figurait pas initialement dans la liste des élus», explique t-il. Ainsi, les grévistes soupçonnent en l'occurrence le SG du syndicat de «complicité avec la direction pour torpiller le bureau syndical», ou encore de «recourir au licenciement abusif des travailleurs qui s'insurgent contre la politique de gestion de l'Etusa». Suite à quoi, les travailleurs syndicalistes ont intenté une procédure judiciaire qui s'est soldé par une décision de réorganisation des élections. «Le juge a demandé en date du 9 décembre 2020 d'organiser de nouveau les élections du CP. Les responsables de la direction ont opéré un nouveau coup de force et installé les mêmes membres choisis durant le premier vote, ce qui nous a amené à relancer une nouvelle procédure judiciaire dont l'affaire a été envoyé à la cour pénale», explique le représentant des grévistes. Ainsi, le conflit se corse à l'Etusa et il n'est pas près à connaître son épilogue. La tutelle du transport, qui a été destinataire d'une requête du bureau syndical en date du 30 novembre dernier, ne s'est pas encore penchée sur le problème. De ce fait, le mouvement de protestation est décidé à croiser le fer avec la direction jusqu'à la satisfaction de leurs revendications (ndlr). Pour de plus amples informations, nous avons tenté de joindre des responsables à la direction de l'Etusa, ces derniers n'ont pas daigné donner suite à nos sollicitations. Advertisements