La crise sanitaire liée à la pandémie Covid-19 a renforcé la tendance mondiale en faveur d'un mode de consommation de plus en plus Bio ou respectueux de l'environnement. Le marché du bio est donc un marché en plein boom et qui promet de connaître de plus en plus de croissance, surtout en ces temps où l'alimentation déséquilibrée est pointée d'un doigt accusateur pour ses effets néfastes sur la santé. L'épisode du Pangolin accusé au départ de la pandémie, d'être la cause du nouveau virus dévastateur, a ravivé le sentiment de peur de la malbouffe. Devant l'absence d'un remède efficace contre la Covid-19, les médecins ont appelé les consommateurs à renforcer leur système immunitaire en optant pour une alimentation équilibrée et saine. Les produits bio, notamment ceux issus de l'agriculture biologiques ont ainsi constitué une voix de recours pour les consommateurs qui ne veulent plus risquer leur santé à cause de la surconsommation de produits des grandes surfaces aux contenus douteux. Le marché des produits biologiques a connu une progression importante ces dix dernières années et surtout durant l'année écoulée. Il représente plus de 100 milliards d'euros, qu'il s'agisse, des produits alimentaires, cosmétiques ou d'entretien, la tendance est au bio pour le plus grand bien de la planète et des consommateurs. Le concept d'écocitoyenneté n'est pas qu'un effet de mode, c'est d'abord une prise de conscience collective qui émane du souci de préserver la santé humaine, mais aussi la planète trop fortement épuisée par les systèmes d'exploitation des ressources à grandes échelles. L'engouement pour les produits bio est d'ailleurs expliqué par les consommateurs sur la base de quatre raisons principales, d'abord la santé, l'environnement, la sécurité alimentaire et la qualité des produits. Les méfaits de l'agriculture intensifs sont encore là et la promotion de l'agriculture biologique ou écologique permettra d'ouvrir une voie de secours afin de préserver les richesses et les ressources naturelles pour les générations futures. Une étude de l'Institut de recherche sur l'agriculture biologique dans le monde fait état de 71,5 millions d'hectares gérés de manière biologique à la fin 2018 en progression de 2 millions d'hectares par rapport à l'année 2017. Le nombre d'agriculteurs impliqués dans la production biologique s'élève à 2,8 millions dans le monde. L'Inde est en tête des pays comptant le plus grand nombre de producteurs soit avec un peu plus d'un million d'agriculteurs, suivie de l'Ouganda et de l'Ethiopie. En terme de surface, l'Australie arrive en premier avec 35,7 millions d'hectares de terres agricoles biologiques, suivie par l'Argentine avec 3,6 millions d'hectares, et la Chine avec 3,1 millions d'hectares. Le continent européen compte, quant à lui, 15 millions d'hectares cultivés (2,9% de sa surface agricole), suivie par l'Amérique latine avec 8 millions d'hectares. En terme de marché, les Etats-Unis sont en première position avec 40 milliards d'euros, suivis par l'Allemagne avec 10,9 mds d'euros et de la France 9,1 mds d'euros. Depuis 2019, de plus en plus de pays, près d'une centaine, ont élaboré de nouvelles réglementations afin d'encourager l'investissement dans l'agriculture biologique. En Afrique et dans le Maghreb, la Tunisie se présente comme un modèle en matière de promotion de l'agriculture biologique et qui déjà en 1999 avait élaboré la première loi du genre dans le monde arabe et en Afrique posant un cadre juridique à ce type d'agriculture. Des cahiers des charges spécifiques ont été préparés en passant par la formation d'ingénieurs agronomes spécialisés dans l'agriculture biologique, et des subventions ont été accordées aux producteurs pour les aider à obtenir des certifications. C'est ce qui a permis notamment à l'huile d'olive tunisienne de connaître l'essor qu'on lui connaît aujourd'hui sur les marchés internationaux. Sur la trentaine de pays classés comme meilleurs exportateurs de produit bio, la Tunisie figure à la 23e position. D'autres pays africains ont suivi en favorisant l'exportation de produits bio, notamment le Bénin, le Mali et le Sénégal.
Des produits extrêmement toxiques dans les pesticides Une étude dont les résultats ont été livrés en octobre 2020, et signée par les professeurs Gilles-Eric Séralini et Gérald Jungers, fait état de la présence de produits d'une extrême toxicité dans 14 pesticides vendus librement en grandes surfaces. Ces produits contiennent notamment de l'arsenic, des métaux lourds et autres substances cancérigènes appartenant à la famille des HAP. De nombreux agriculteurs en Europe ont développé des formes de cancer à cause de l'utilisation des pesticides. Dans une lettre adressée à l'autorité européenne chargée de l'évaluation des risques dans le domaine des denrées alimentaires et des pesticides, une coalition d'associations souligne que le développement de l'agriculture biologique, depuis bientôt soixante ans, peut être très productif contrairement aux idées reçues. «Plus riche en main-d'œuvre et en connaissances, elle est plus durable et soutenable que l'agriculture conventionnelle, qui mise sur les vieilles économies d'échelle et l'utilisation d'intrants polluants. Et comme plusieurs rapports internationaux le démontrent, elle peut satisfaire les besoins de la planète. Elle offre en outre de nouvelles possibilités d'emplois décents dans les zones rurales, permet aux sols de fonctionner comme puits de carbone, et entretient l'agrobiodiversité. C'est la seule forme d'agriculture à même de relever les défis du XXIe siècle et au-delà.» N. B. Advertisements