L'abri de pêche de Madagh 2, réceptionné depuis une année et mis en exploitation, présente par vent d'ouest un danger pour les petits métiers pour l'accueil desquels est sa raison d'être. Inscrit dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, ce projet a été conçu pour abriter 100 embarcations de 9 m de long dans un bassin de 7,5 ha. Il a vu ses travaux lancés en mai 2013, mais ce n'est que début 2014, lorsque le chantier a pris forme, que sa réalité s'est imposée aux esprits. La société civile et les réseaux sociaux s'emballent face à une décision jugée irréfléchie parce qu'elle met en péril la biodiversité de la zone, celle des Îles Habibas situées en face, qui est classée réserve naturelle marine depuis mars 2003. Par ailleurs, Madagh 2, classée zone d'expansion touristique, est également protégée ainsi que sa plage de galets. Mais encore la beauté du site environnant où la nature a encore gardé tous ses droits allait être saccagée. Alarmé, le wali de Témouchent interpelle publiquement le ministre du Tourisme venu en visite : les quelques embarcations qui utilisaient épisodiquement la plage de galets comme abri en avaient été expulsées pour rejoindre le port de pêche de Bouzedjar voisin, alors que la plage a été aménagée et son rivage couvert par des milliers de mètres carrés de sable. Par ailleurs, c'est à Ouardania ou aux Zouanif, tout à l'ouest de la wilaya, que les autorités locales avaient proposé la création d'un abri de pêche pour satisfaire une demande pressante de la population. Le ministre se montre surpris, d'autant qu'il a exercé à Aïn Témouchent en tant que directeur du tourisme. Par la suite, on apprend que l'inscription du projet a été présentée par la wilaya d'Oran dans la perspective d'en faire une marina pour les plaisanciers, sachant qu'à l'époque, divers investisseurs avaient manifesté leur intérêt pour la zone de Madagh, dont Madagh 1, mitoyenne de Madagh 2, est une attrayante plage de sable située sur le territoire d'Oran. Ni les protestations des défenseurs du site, ni le ministre du Tourisme, ni celui de la Pêche qui s'est montré sensible à la question de la fragilité de l'écosystème, ne purent rien faire, un puissant lobby défendait la cause opposée. Par ailleurs, l'affaire est confiée au ministère des Travaux publics au compte duquel le projet est inscrit. Lui, il maîtrise l'art de bétonner. Pour le reste, le premier couac dans sa gestion du projet apparaît dans le non-respect des délais de réalisation, soit deux ans qui s'allongent à sept ans. Deuxième couac, à la livraison du projet, on s'aperçoit qu'il reste un reliquat sur le budget destiné aux travaux de réalisation. C'est encore une faute d'appréciation du niveau de financement, une faute dont on se félicite presque pour réaliser des travaux d'extension en vue d'accueillir des bateaux de... plaisance. Au final, c'est l'inscription d'un projet d'étude pour la protection de l'abri des mouvements de la houle à l'intérieur du bassin qui est proposée au ministère des travaux publics. Est-ce à dire que tout finit bien ? Advertisements