Nous avons rencontré Jean-Louis Bernezat qui partait à Tamanrasset préparer le 70e anniversaire de l'ascension de Garet El Djenoun. Cette montagne se situe à 300 km de Tamanrasset, à la pointe nord du massif granitique de Téfédest réputé pour ses sites rupestres. Téfédest s'allonge sur environ 150 km, du sud où se situe son point culminant, In Ukulmu (2336 m), au nord où s'élève le haut bastion de Garet El Djenoun (2330 m). C'est en avril 1935 qu'eut lieu la mission Coche, du nom du capitaine français, grand amateur de désert et d'alpinisme, qui la dirigea. Cette mission avait pour but en priorité de gravir Garet El Djenoun ainsi que d'autres sommets du Hoggar, et ensuite découvrir les sites rupestres de Téfédest dont le célèbre géologue Conrad Kilian avait entendu parler. L'expédition se composait de quatre autres personnes : l'écrivain et guide de haute montagne Roger Frison-Roche, le cinéaste Ichac, Chasseloup-Laubat et Lewden. Leur guide était Mohamed ag Amayas, Mohamed fils du Guépard, noble Kel Rela du Hoggar, apparenté à l'aménokat. A Mertoutek, petite oasis et centre administratif, au sud du massif, la mission Coche fut prise en charge par un Targui Issaqamaren du nom de Sidi Bouya. Cet homme, qui avait passé sa vie à chasser le mouflon à travers Téfédest, leur fit découvrir les sites rupestres qu'il connaissait, en particulier l'abri rocheux qui porte son nom, Sidi Bouya, dont il avait fait son séchoir à viande. Les peintures sont magnifiques : troupeaux de bœufs polychromes, bergers, chasseurs à l'arc... Si on doit à la mission Coche la découverte officielle des sites rupestres, c'est à une autre mission mandatée par Henri Lhote que l'on doit la plupart des relevés des sites découverts. Carl, Petit, Bourmelon et Guerard restèrent presque six mois sur place. Mais en faisant le tour du massif à chameau, Carl et Petit découvrirent à leur tour de splendides gravures : autruches, éléphants, girafes, lions... En 1962, un chercheur français, Jean-Pierre Maitre, vient à son tour passer quelques mois dans le massif pour faire de nouveaux relevés systématiques et compléter les découvertes. Une énorme thèse sur Téfédest couronne ses travaux. Mais nous sommes loin de l'ascension de Garet El Djenoun. En avril 1935, donc avant de suivre le guide Sidi Bouya à travers Téfédest, la mission Coche se donne pour but de gravir Garet El Djenoun, montagne des génies, restée jusque-là inviolée. C'est ainsi que le 15 avril 1935, le guide Roger Frison-Roche et le capitaine Raymond Coche parviennent au sommet de la montagne mythique à partir du col sud. Trois jours plus tard, ils refont la même ascension pour permettre à Ichac de la filmer. Cette ascension ne sera reprise qu'en 1955 par Aulard et Bertraneu, par une autre voie, plus délicate et difficile. Puis ce ne sera qu'en 1958 qu'un Targui parviendra au sommet de Garet El Djenoun avec un groupe du club alpin français. Ensuite, les alpinistes de toutes les nationalités se succéderont pour ouvrir de nouvelles voies sur toutes les faces et tous les piliers de la superbe et fière montagne. En avril 2005, 70 ans après la première ascension, le guide de haute montagne Jean-Louis Bernezat, qui a bien connu le général Coche et Frison-Roche et qui a pendant plus de trente ans accompagné des caravanes dans tout le Hoggar ; se prépare à conduire une forte équipe au sommet de Garet El Djenoun. Cette équipe a cela de particulier qu'elle est composée des enfants et petits-enfants de Raymond Coche et de Roger Frison-Roche, au nombre de 14. Pour être certain de la réussite du projet, la logistique de l'expédition est confiée à l'Agence Mero n'Man de Tamanrasset, dirigée par Mohamed Rouani. Mais pour que cette ascension se fasse aussi à la mémoire des Touareg qui ont conduit les différentes missions à la découverte du massif de Téfédest et de ses sites rupestres, Jean-Louis Bernezat a invité Abdulahi ag Khabti, Targui Dag Rali du Hoggar jusqu'au sommet de Garet El Djenoun. Correspondance particulière