En tout, elles sont six personnes à avoir été arrêtées pour fraude aux épreuves du bac, entre ceux qui ont tenté d'en bénéficier et ceux qui ont contribué à rendre possibles ces tentatives. Près d'une semaine après la fin des épreuves du baccalauréat, les services de la police révèlent des cas de fraude malgré tout le dispositif censé être dissuasif et surtout la coupure de la connexion sur les réseaux sociaux, notamment facebook, opérée pendant les cinq jours de l'examen. Dans un communiqué daté de ce 2 juillet, les services de la sûreté de wilaya de Béjaïa informent de l'arrestation de quatre individus, dont une jeune fille, impliqués collectivement dans une opération de fraude dans les épreuves du bac de cette année qui ont eu lieu du 20 au 24 juin dernier. Tout est parti lorsque la brigade de la cybercriminalité a découvert le partage de sujets du bac, aux premières minutes de leur distribution, dans un groupe sur messenger par un internaute détenteur d'un compte facebook. Bien qu'il ait porté un compte sous pseudonyme, la police a pu l'identifier et l'arrêter. L'enquête a révélé l'implication d'un candidat au bac de 21 ans, de sa sœur de 26 ans et d'un étudiant de 23 ans. Pour permettre à son frangin de s'assurer de bonnes notes et passer le cap de cet examen qui mobilise toutes les attentions, la sœur du lycéen a sollicité le concours de certains de ses camarades avec lesquels elle s'est entendue pour l'aider à fournir les réponses des sujets examinés. Première étape préparatoire et pas des moindres : des programmes et applications ont alors été installés pour permettre de dépasser et contourner la fermeture par les pouvoirs publics de l'accès aux raisons sociaux durant les heures sensibles du déroulement des épreuves. Le candidat, de son côté, s'est doté d'un appareil bluetooth minuscule, difficile à repérer et, par dessus tout, fonctionnel sans téléphone portable. Les tâches ont été alors partagées : les deux autres membres du groupe étaient chargés de chercher les sujets de l'examen sur différents groupes électroniques, créés spécialement pour fuiter ces sujets, les envoyer par mail à la sœur du candidat qui, de son côté, s'est mobilisée pour confectionner les réponses, en plus des corrigés types que ses complices étaient prêts à lui proposer. Il ne restait à la frangine qu'à souffler tranquillement les réponses préparées à l'oreillette de son frère qui les reçoit et les porte sur sa copie d'examen face à des surveillants qui ne voyaient que du vent. Au début de chaque épreuve, tous les téléphones portables des candidats sont confisqués et dans certains centres d'examen il n'était pas possible de les récupérer à la fin de la tranche matinale mais qu'à la fin de la journée. Malgré ces précautions, les fraudeurs ont opéré, principalement dans les matières essentielles, dotées de coefficients importants. Un dossier pénal a été constitué contre les quatre suspects pour «atteinte à l'intégrité des examens finaux du secondaire en utilisant un système de traitement automatisé des données et des moyens à distance, en divulguant et publiant les réponses des épreuves du baccalauréat 2021». Présentés devant la justice, et après une comparution immédiate, l'internaute sous pseudonyme a écopé d'un an d'emprisonnement ferme avec dépôt et 100 000 DA d'amende. Le même jugement a été prononcé contre la sœur du candidat, sans mise en dépôt, tandis que le pauvre candidat a écopé de la peine de six mois de prison ferme sans également mise en dépôt et une amende de 50 000 DA. L'étudiant de 23 ans, quant à lui, condamné à une année de prison ferme, est considéré «en état de fuite», selon le communiqué de la police. «La magie» du bluetooth Quatre jours avant la divulgation de ces quatre cas, les mêmes services de la police avaient rendu publique une première tentative de fraude avortée par la sûreté de la daïra d'Amizour où deux individus, dont un étudiant, ont été arrêtés. La police a été informée de la présence suspecte d'un groupe de personnes devant le centre sportif de proximité d'Amizour, mitoyen du centre d'examen au lycée Cheikh Aziz Aheddad. Le groupe était en train de rédiger les réponses du sujet des mathématiques qui venait d'être distribué aux candidats dans la matinée du deuxième jour des épreuves. Les réponses étaient communiquées par téléphone à des candidats installés dans leur salle d'examen. Le moyen en usage est le même : le bluetooth. Un étudiant a été pris en flagrant délit de contact avec un candidat à qui il communiquait les réponses par cette voie «magique». On a trouvé sur lui le sujet des maths du jou,r tandis que les réponses étaient portées dans son téléphone portable qui a été saisi comme preuve de fraude. Le candidat, qui était à l'autre bout du «fil», a fini par être identifié, il était attablé dans le centre d'examen à Ighil Ouazoug, dans la ville de Béjaïa. Arrêté, on a trouvé sur lui le moyen qui lui permettait de rester en contact à distance avec son correspondant à l'extérieur du centre : un appareil bluetooth doté d'une puce et d'une minuscule oreillette placée dans le creux de l'oreille. Les moyens de la triche se sont adaptés à l'évolution de la technologie pour arriver à «démocratiser» cet appareil qui décharge son porteur de la peine de le décrocher puisqu'il se déclenche systématiquement au moindre appel. Il intéresse aussi, faut-il le noter, des étudiants à l'intérieur de l'université de Béjaïa. Un dossier a été constitué à l'encontre des deux prévenus pour fuite et distribution de réponses de l'examen du bac 2021. Présentés en comparution immédiate, l'étudiant a écopé d'une année de prison ferme avec mise en dépôt et 100 000 DA d'amende, tandis que le candidat a été condamné à une année de prison avec sursis et une amende, également de 100 000 DA. Ces six cas n'ont pas figuré dans les statistiques nationales communiquées par le ministère de la Justice à une journée de la fin des épreuves du baccalauréat. Le ministère avait annoncé 62 personnes poursuivies en justice dans 15 wilayas du pays, dont 31 condamnées à des peines de prison ferme pour fraude au bac. Il faut dire cependant que de nombreuses voix déplorent fortement qu'en arrive à l'emprisonnement de lycéens fraudeurs dont la peine de radiation des épreuves du BAC pour de longues années doit suffire amplement. Advertisements