Le cancer bronchique a été au centre des débats à l'occasion des huitièmes journées de la Société algérienne d'oncologie organisées hier à l'hôtel El Aurassi. Les spécialistes ont, à cette occasion, tiré la sonnette d'alarme sur la prolifération de cette maladie. Le nombre de cas ne cesse d'augmenter ces dernières années, c'est ce qui inquiète véritablement les praticiens. Ils déplorent le manque de moyens de prise en charge. Pour le docteur Ameur Soltane du service chirurgie thoracique à l'hôpital Mustapha Pacha, de nouvelles structures spécialisées dans le domaine sont aujourd'hui indispensables. Comme il est question d'insister sur l'amélioration du diagnostic. Ce type de maladie doit être pris en charge par une équipe multidisciplinaire, et ce, à un stade précoce. « C'est pour cela que nous insistons sur le travail de sensibilisation des médecins, de la population pour aspirer à une meilleure prévention. La lutte contre le tabagisme doit être sans relâche. Les médecins ne peuvent pas se substituer au tissu associatif ou à l'Etat. C'est aux pouvoirs publics de mettre les moyens nécessaires pour une lutte acharnée contre le tabagisme. Il est clair que le tabac est le premier responsable de cette flambée monumentale. C'est à ce niveau-là que doit se situer la sensibilisation », dira-t-il avant de signaler que le cancer du poumon est le premier cancer chez l'homme et il est la première cause de mortalité. Les facteurs de risque sont, selon lui, en premier lieu le tabagisme puis les facteurs environnementaux. « 80% des cas de cancer sont des fumeurs », a-t-il ajouté. Revenant sur la prise en charge des patients, le docteur Ameur estime que le cancer appartient au malade, le médecin doit uniquement l'accompagner pour apaiser sa souffrance en mettant à sa disposition les moyens adéquats (structures pour la chirurgie thoracique, service d'anatomie pathologique, les médicaments essentiels, etc.). Pour lui, l'approche multidisciplinaire est la mieux adaptée pour arriver à faire face à ce fléau. Abondant dans le même ordre d'idée, le professeur Bouzid, chef de service d'oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), signale, par ailleurs, la rupture régulière des médicaments anticancéreux. « Ces produits exclusivement hospitaliers et qui sont fondamentaux posent réellement problème pour le traitement des malades. La priorité absolue aujourd'hui est de débloquer l'enregistrement de ces produits au niveau de la direction de la pharmacie au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et promouvoir l'approvisionnement transparent, en particulier les génériques », dira-t-il avant de rappeler que sur la cinquantaine de drogues, 40 sont des génériques. « Comment explique-t-on que la facture des médicaments a atteint un milliard de dollars et on assiste à une mauvaise répartition de ces produits. Le problème se pose à Alger. Qu'en est-il alors à l'intérieur du pays ? », s'inquiète-t-il. Par ailleurs, les résultats de l'enquête nationale, menée par l'Institut national de santé publique (INSP), sur le cancer en Algérie dans les cinq centres du pays seront présentés aujourd'hui par l'équipe d'enquêteurs au CPMC. Les premiers résultats concernent uniquement la wilaya d'Alger. Les conclusions de cette enquête confirment, selon le professeur Bouzid, les constats établis par les registres du cancer.