L'administration américaine a décidé de «reconsidérer» la vente de drones et d'autres armes au Maroc en raison de la série de scandales impliquant Rabat, entre autres, l'affaire du logiciel espion Pegasus et la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. C'est ce qu'a révélé lundi le journal espagnol El Confidencial relayé hier par l'APS. Selon ce journal, Washington a prévu en effet de vendre quatre drones MQ-9B Skyguardian et des munitions JDAM au Maroc, mais les récents scandales internationaux impliquant Rabat ont contraint l'administration de Joe Biden à repenser la transaction, qui est bloquée jusque-là au niveau des commissions du Congrès et du Sénat. Le nouveau président américain Joe Biden s'est engagé, depuis son investiture, à soutenir les droits de l'homme. Le journal espagnol cite Patrick Leahy, sénateur démocrate du Vermont depuis 1975, auteur de la «loi Leahy» qui interdit au Département d'Etat et au Pentaogne de fournir une assistance militaire aux armées étrangères qui violent les droits de l'homme. Le texte en question bénéficie d'un consensus total entre démocrates et républicains et depuis son approbation en 1997, elle a bloqué l'aide militaire à plusieurs pays. Le sénateur Leahy préside la Commission des crédits qui a son mot à dire sur les transferts et ventes possibles d'équipements militaires. Sa position initiale pro-sahraouie commence à être renforcée, a indiqué El Confidencial, ajoutant que «plusieurs dirigeants de commissions-clés au Congrès et au Sénat utilisent leur autorité pour bloquer la vente, demandant à l'Exécutif de Biden plus d'informations sur les drones». Le MQ-9B Skyguardian et les bombes JDAM surpassent en termes de létalité les armes conventionnelles que les Etats-Unis vendent habituellement au Maroc. Son potentiel destructeur élevé exige le niveau de responsabilité que les Américains exigent de leurs alliés de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan), écrit le média. Le Maroc ne fait pas partie de l'Alliance atlantique et la reprise du conflit militaire avec le Front Polisario (depuis la violation du cessez-le-feu en novembre 2020 et l'agression marocaine à El Guerguerat) fait douter que l'occupant marocain utilise cet armement, a souligné le journal espagnol. El Confidencial a évoqué dans son édition la tension diplomatique entre Madrid et Rabat, conséquence de la crise migratoire provoquée par le Maroc à Ceuta, enclave espagnole frontalière avec ce pays. Cette crise a contribué à «détériorer l'image du Maroc» vis-à-vis de Washington, selon Jason Poblete, avocat expert en questions de sécurité nationale et président de la Global Liberty Alliance (GLA), une organisation non gouvernementale basée à Alexandrie (Virginie), focalisée sur la défense des droits fondamentaux au niveau international. A cela s'ajoutent les récentes révélations sur l'utilisation par les services de renseignement marocains du logiciel Pegasus pour espionner des personnalités étrangères. «Ceuta, Pegasus et les droits humains des Sahraouis ont un fort impact sur la confiance de Washington. Cela aura des conséquences», a averti le président de la GLA, cité par El Confidencial. Le média a aussi fait état des répercussions de la décision de l'ancien président Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en échange d'une normalisation des liens entre le Maroc et Israël. Décision qui a assuré une sorte d'impunité pour le Maroc qui a intensifié les violations de droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. «La torture, les viols, les coups et les disparitions n'ont jamais cessé, mais maintenant, ils ont violé le cessez-le-feu qui durait depuis 1991 en novembre 2020. Il n'y a pas de liberté de la presse ni de liberté de circulation au Sahara occidental, mais les violations finissent par être connues à Washington», a déclaré récemment Suzanne Scholte, présidente de l'US Western Sahara Foundation, citée par El Confidencial. Advertisements