Laborieuse mais inéluctable, la décision d'un retour aux affaires et au travail est en train de s'imposer dans les états-majors politiques. Le processus n'est pas simple et il concerne également les acteurs économiques et sociaux, puisqu'il s'agit de rompre avec un état d'esprit hérité d'un système de gestion basé sur l'assistanat, l'Etat-providence, l'attentisme doublé d'une propension à une protestation exacerbée. Cela a entraîné, entre autres, le syndrome paroxystique de l'entreprise Ansej, qui ferme la banque, lorsqu'elle demande la saisie du matériel pour non-paiement des crédits. Transformé en simple exégète des textes, l'élu local attend tous les pouvoirs, toutes les prérogatives, tous les budgets et moyens avant de prendre à bras-le-corps les affaires de la cité. Ce que l'on exige des autorités centrales pour sortir de leur léthargie et se remettre à l'ouvrage, c'est la volonté politique. Au niveau local, il est question de volonté tout court. Celle-ci n'a jamais fait défaut au sein de la société quand elle n'est pas atteinte par les travers d'un mode de gouvernance qui donne la prime et la primauté à l'inertie et à la rente. Quand il fallait acquérir dans l'urgence des stations d'oxygène pour les hôpitaux, des comités de village se sont réunis, ont décidé de collecter de l'argent, de commander les équipements et de les installer à leur réception. Les autorités qui ont essayé d'invoquer quelques textes réglementaires pour entraver ces opérations ont été rabrouées. L'initiative claire et résolue prime sur les textes souvent confus et il n'y a aucun problème de prérogative qui condamnerait un élu local à l'inaction. Le débat sur le pouvoir de décision ou l'écueil de la centralisation s'avère déconnecté des réalités, quand il fait abstraction de l'engagement et de l'esprit d'initiative des candidats à la gestion locale. L'hygiène publique, l'aménagement des villes et villages, la réfection des routes et des réseaux ont été régulièrement dévalorisés et oubliés, alors qu'il s'agit de volets prioritaires dans la gestion de la collectivité et cela correspond intégralement au cadre de vie de la population qui réclame, perpétuellement, son amélioration, parfois dans le fracas du blocage des routes ou, tout simplement, des sièges d'APC. Il est des pays, nous renvoyant le plus souvent les images mirifiques d'ordre et de bien-être, où la municipalité se confond avec la ville ou le village et son fonctionnement cadre en tout point avec les préoccupations des habitants. A mille lieues de l'idée que l'on se fait de la collectivité locale, que l'on assimile définitivement à un instrument de défiance contre le pouvoir central, ambitionnant un changement global dans le pays. En vérité, des «communes» performantes, présentant des exemples de bonne gestion locale, existent également dans notre pays. Elles ne correspondent pas au découpage territorial en vigueur. Ce sont des villages de deux à trois mille habitants, qui s'illustrent prioritairement par leur niveau de salubrité et la disponibilité d'équipements collectifs de base totalement réalisés par les villageois. Dans ces structures traditionnelles, la question de «participer» à la désignation du comité de village ne s'est jamais posée. Et il est inconcevable de l'empêcher. La volonté individuelle puis collective créera les «prérogatives», les moyens et le développement. Advertisements