«Les hommes se trompent et les grands hommes avouent qu'ils se sont trompés.» Voltaire «Il n'est rien qui ne s'arrange par la pratique du non-agir» Lao Tseu «Celui qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour» Confucius
Nous assistons dernièrement par presse interposée des déclarations où chacun met en avant ses positions et son analyse sur le pourquoi et comment résoudre certaines problématiques que le pays traverse. Si tous les débats contradictoires ne tirent pas tous vers un objectif commun et que toutes les analyses sont portées à la connaissance du public en général et des spécialistes en particulier, malheureusement sans possibilité d'exprimer leurs avis et réactions. J'étais une 1re fois offusqué qu'on ne donne pas la parole aux spécialistes et techniciens experts indépendants ou bien elle n'est pas portée à la connaissance du public. J'étais une 2e fois offusqué de voir que seul l'approche du «lobby pro-voiture» minoritaire qui tend vers l'augmentation du parc automobile et sa prise en charge est mise en avant avec toutes les conséquences néfastes sur l'économie, l'environnement et sur les Algériens (accident, pollution, congestion, injustice dans les allocations des budgets étatiques, etc.). Les représentants du peuple (députés et sénateurs) mettent en avant et défendent l'importation des véhicules de moins de 3 ans et entrent en polémique avec le représentant du gouvernement, en l'occurrence le ministre de l'Industrie qui met en avant une politique d'importation de véhicules neufs basée sur les concessionnaires locaux et plafonne un budget de 2 milliards de dollars pour cette opération. Dans le même sens de politique basée sur le développement automobile, le ministre des Travaux publics met en avant un projet d'autoroute à étages pour résoudre la problématique de la congestion dans la capitale. Ce projet d'autoroute a étages est une solution de facilité et sans réflexion et ne va en aucune manière solutionner la congestion d'Alger, bien au contraire, il va aggraver la situation et accroître les conséquences néfastes en matière de pollution et ses conséquences sur la santé des Algériens et des accidents de la route. C'est un projet budgétivore et inefficace pour Alger en raison de sa topographie jalonnée, de son réseau et hiérarchisation routiers et son urbanisation non étudiée et incontrôlée. Ce projet ne résout en aucun cas le problème des déplacements dans l'ensemble du bassin de mobilité de l'agglomération d'Alger. C'est un investissement destiné uniquement aux propriétaires de véhicules et peut être considéré comme une injustice et une ségrégation sociale de la majorité, vu que la majorité des Algériens ne possèdent pas de voiture. Je pose la question, est-ce que les responsables politiques (ministres, députés, sénateurs, wali, directeurs centraux, etc.) ne voient pas les foules d'Algériens en attente de bus pour rejoindre leur domicile au niveau des stations de bus à SaidHamdine, Ben Aknoun, El Achour, 1er Mai, La Glacière, Hussein Dey, Birkhadem, Ain Naadja, Ben Omar...? Est-ce qu'ils voient l'état de vétusté des bus privés ? Pour Alger, Il existe des solutions moins budgétivores et efficaces entre autres : – les traitement et réaménagement de certains points noirs bien identifiés, – Rendre les trottoirs aux piétons et réprimer les chauffards qui stationnent sur les trottoirs, – La réhabilitation et réaménagement de certaines rues pour améliorer leur capacité, – La promotion de l'exploitation par des technologies adaptées de certains axes saturés, – Développer de nouvelles liaisons avec les axes à grandes capacités, – Gérer le stationnement par la répression vis à vis de l'anarchie actuelle qui réduit considérablement les capacités des routes et rues, – La concrétisation du projet téléphérique El Biar/Alger-Centre et autres télécabines vu la topographie d'Alger, – L'augmentation du parc de bus de l'ETUSA et la création de parc pour ETUSA en dehors du centre-ville, avec ouvertures de nouvelles lignes, – La création de liaison de bus en mode de BHNS ou BRT – La réalisation des extensions ou de nouvelles lignes de tramways, à titre d'exemple la réalisation d'une liaison de 1,5 km du tramway d'Alger au niveau de la zone des Bananiers qui transformera la station du tramway des Bananiers en station de correspondance pour les usagers, par la réalisation de cette liaison le tramway d'Alger se transformera en 2 lignes de tramways et réduira le temps de parcours de moitié et améliorera ainsi l'attractivité du tramway. Ce qui m'a offusqué le plus et que les 2 propositions vont en contradiction avec les déclarations du ministre de l'Energie qui parle d'un risque énorme sur les carburants (gasoil et essence) à partir de 2030 et la nécessité de sauvegarder nos gisements pour les générations futures. Ils sont aussi en contradiction les déclarations du ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables qui promet la promotion du véhicule électrique, de l'utilisation des énergies propres (GPLc/GNV, Electricité) dans les transports collectifs et surtout le développement des transports par Métro, Tramway, Trains et par Bus à Haut Niveau de Service (BHNS). Ils sont aussi en contradiction avec les orientations du plan d'action du gouvernement, or ce dernier spécifie bien la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les transports est un des axes forts de la transition énergétique pour lequel le gouvernement fait appel afin de réduire la dépendance de l'Algérie aux dérivés pétrolières. Cette orientation est valable pour la capitale et les grandes villes algériennes afin de les rendre plus fluides, attractives et durables . Ils sont en contradiction avec les engagements internationaux de l'Algérie sur le changement climatique et la réduction des émissions à effet de serre, ainsi qu'avec l'ensemble des décisions des plus grands fabricants d'automobiles dans le monde sur l'arrêt de la fabrication des véhicules avec moteur diesel. La transition énergétique ne peut se faire que par une politique transport face au tout-voiture à l'exemple de l'ensemble des pays du monde et en conformité avec les recommandations des experts internationaux en matière d'urbanisme et d'infrastructures de transports : – Développement des transports collectifs par la construction de nouvelles infrastructures pour les transports collectifs (tramways, trains de banlieue, BHNS, métro, transport par câble, électrification des lignes de trains) – Faciliter l'intermodalité par l'amélioration de la performance et l'amélioration de la qualité de service des transports collectifs actuels (une meilleure régularité et ponctualité par le SAE, bornes et applications smartphone pour information voyageurs et une intermodalité facilitée, stationnement intelligent, etc.). – Mise en place d'un observatoire du stationnement et le développement des parcs relais aux abords des stations de métros et tramways. – La mise en place d'un écosystème qui permettra le développement d'une ingénierie, d'une industrie de sociétés de réalisation et d'exploitation dans le domaine des transports collectifs. Tout en sachant que toutes les études mondiales indiquent que 80% des populations vivent en ville et à l'exemple des grandes agglomérations du monde, l'exclusion de la voiture des centre-villes est une politique appliquée par l'ensemble des élus en raison de la pollution et surtout que le résultat de la réalisation de routes et autres voies a fait appel à plus de voitures et à compliquer plus la congestion des centre-villes ; l'alternative est le développement des transports collectifs (BHNS/ Metro/ Tramways/ Trains/Téléférique) et l'amélioration de l'intermodalité. Je vous invite à une analyse mondiale sur le développement des transports collectifs à l'échelle mondiale pour avoir une idée. Il est donc indispensable de tracer une ligne rouge sur ces politiques et ces méthodes de développements non cohérentes et non concertées entre les différents départements ; et mettre en place une étude nationale avec projection jusqu'en 2040 sous l'égide du président pour l'ensemble de nos grandes villes basée sur le développement des transports collectifs car les villes de demain (résiliente, intelligente, connectée...) sont au cœur des enjeux de notre époque en raison notamment des répercussions de la pollution atmosphérique sur la santé publique (sociales et sanitaires). Enfin, les Algériens veulent plus de nature en ville, premier critère des villes de demain et en tant qu'habitant d'Alger, je réitère mon opposition au projet d'autoroutes à étages à Alger.
M. KACI Abdelkrim Ingénieur d'Etat en travaux publics, spécialiste en infrastructures de transports, ex-secrétaire de l'Association des usagers de transports collectifs d'Alger Advertisements