L'actualité a été marquée, ces dernières semaines, par un vif débat sémantique autour de la flambée des prix des fruits et légumes et particulièrement ceux de la pomme de terre. S'il est nécessaire de lutter contre la spéculation, il serait aussi plus lucide de se rendre à l'évidence que la production agricole algérienne peine, par moments, à satisfaire la demande de plus en plus forte en produits de large consommation. L'Etat doit dès lors aider les agriculteurs à produire plus et surtout mieux. Cela passe par tout un faisceau de mesures au cœur desquelles figure l'urgent assainissement de l'accès au foncier agricole par le biais des concessions en luttant contre les trafics. Pour décourager les indus agriculteurs, qui rôdent autour des concessions des terres agraires, et augmenter les surfaces cultivables, la plus pertinente des mesures serait d'instaurer un impôt sur les terres en jachère. Une telle taxe foncière permettra de rendre la fameuse formule «la terre aux agriculteurs», non pas un slogan creux, mais une réalité à laquelle les spéculateurs de tous bords n'y pourront rien. Globalement, il ne s'agit plus de demander aux agriculteurs comment produire plus, mais bien comment produire mieux. L'Algérie a besoin de repenser entièrement sa politique agricole actuelle. Une autre politique agroalimentaire est nécessaire pour canaliser la production sur les enjeux de santé publique et adosser à la politique agricole une stratégie à la fois alimentaire et sanitaire. Le système agricole industriel actuel est dans une impasse. Et si l'agroécologie serait la solution pour améliorer notre système alimentaire ? Bien que privilégié pour sa capacité à produire et distribuer des aliments en grande quantité et à «moindre coût», le système alimentaire actuel est au banc des accusés pour ses répercussions négatives sur la santé publique avec l'explosion des maladies métaboliques, la dégradation des eaux et des sols et de la biodiversité. Le cap doit être mis sur l'économie verte en mettant en œuvre des dynamiques d'institutionnalisation de l'agroécologie. Alliée de taille pour la durabilité, l'agroécologie se base sur des cycles naturels, préserve la nature et protège la santé publique. A très courte vue, la politique quantitative semble profiter au consommateur, car la part du revenu qu'il doit consacrer à se nourrir baisse. Mais au final, le citoyen se retrouve victime : trop de matières grasses et trop de sucres dans l'alimentation. L'intérêt public n'est pas de maximiser la production, mais de nourrir la population sainement. Les nutritionnistes recommandent d'élaborer une stratégie garantissant une alimentation saine et durable. Le potentiel agraire algérien peut largement nourrir tous les Algériens avec une agriculture saine et durable. La nécessité est aussi de développer les semences locales, adaptées à l'environnement et ainsi plus résistantes qui préservent l'agrobiodiversité. Enfin, les experts recommandent de créer des filières de collecte et de commercialisation de produits portant un label de qualité environnementale, et des systèmes de conseil adaptés. L'écologie a également besoin de sensibilisation et de vulgarisation des connaissances scientifiques et surtout d'un sou-tien franc et massif de la part des politiques publiques. Advertisements