La Conférence dédiée à «la relance industrielle», organisée récemment à Alger, a permis d'inciter les acteurs institutionnels à actualiser le récurrent débat sur le fléau du blocage de l'économie par la bureaucratie et la corruption. Plus concrètement, comment venir à bout du blocage bureaucratique qui tue dans l'œuf tout effort de bâtir une économie nationale épanouie ? Une telle question charrie la nécessité de poser les jalons de réformes de la Fonction publique afin que cette dernière ne constitue plus un frein pour les acteurs économiques, mais d'en être leur facilitatrice. Pour lutter contre la bureaucratie, l'administration doit être gérée comme une entreprise avec un esprit entrepreneurial. Cela veut dire que les fonctionnaires doivent être très bien rémunérés, mais révocables et surtout doivent être évalués sur la base de leurs performances mesurables par des indicateurs universels. Il faut dire que la performance est intimement liée à la notion de contrôle systémique et systématique. Et il se trouve que ce débat coïncide avec l'annonce de la création d'une inspection de contrôle rattachée à la présidence de la République. Une institution qui s'ajoute à l'Inspection générale auprès du Premier ministre, créée, il y a quatre ans, pour évaluer la mise en œuvre des politiques publiques. Pour être efficiente, l'inspection de contrôle mise sous tutelle de la présidence de la République doit être un véritable organe de supervision de la discipline qui doit chapeauter des agences administratives ou disciplinaires censées sanctionner les fonctionnaires qui transgressent les règles anti-bureaucratie. Une telle inspection doit aussi s'appuyer sur des commissions locales de supervision, qui doivent être créées dans toutes les wilayas, pour faire appliquer la discipline et lutter contre la corruption. Mais comment faire pour que ces commissions de supervision puissent exercer indépendamment leur pouvoir de surveillance et ne faire l'objet d'aucune ingérence de la part d'un organe administratif, d'un organisme public ou d'un quelconque responsable ? C'est là où se profile une notion fondamentale : au cœur de ce système de supervision, doivent figurer les acteurs économiques qui devront exercer leur droit de surveillance. Un tel droit permettra aux investisseurs d'adresser une critique, une proposition, une requête, une accusation ou une dénonciation contre les organismes et les fonctionnaires défaillants. Des institutions doivent être créées pour l'accueil des plaintes écrites et pour recueillir les dénonciations, les accusations, les opinions et les propositions adressées par les opérateurs économiques. Les organes de contrôle de la discipline des divers échelons de l'administration et les institutions d'audit doivent tous établir un système de dénonciation, qui comprendrait, par exemple, l'ouverture des lignes téléphoniques et un site internet afin de recueillir les dénonciations et les accusations adressées par les porteurs de projets. Lorsqu'une piste de dénonciation est admise, les services corrélatifs doivent enquêter à son sujet. Aussi, l'Etat doit attacher une grande importance à la défense des droits et intérêts légitimes des dénonciateurs. Le droit des médias à la surveillance et aux révélations des infractions à la loi par les administrations doit également être protégé. C'est là le cœur de tout effort national de déblocage de l'économie. Advertisements