A chaque catastrophe, incident ou sinistre, on se regroupe, on regrette, on accuse même, puis, une fois que se dissipent les nuages, on oublie. Depuis de janvier dernier, alors que le sol skikdi n'a pas cessé de glisser, il s'est trouvé quand même des mains inconscientes qui sont venues, en toute impunité, amplifier le phénomène au grand dam des citoyens. Faisant fi de toutes les règles de voisinage, de l'urbanisme, et alors que le sol encore lourd et excessivement imbibé, une entreprise de construction n'a pas jugé utile de patienter avant d'aller perturber tout un talus à la cité des Frères Khaldi. Les conséquences ne se sont pas fait attendre et on assiste aujourd'hui à un déplacement massif du sol qui risque, si jamais les choses perdurent, de déterrer les fondations de deux immeubles ainsi que ceux d'un établissement scolaire qui viennent en amont du chantier en question. Inconsciences à la cité des Frères Khaldi Les travaux engagés en pleine période des pluies ont causé d'imposants éboulements à deux niveaux différents. Le premier s'est produit à la limite de l'enceinte de l'établissement scolaire, et le second, qui n'est qu'une continuité du premier, s'est prolongé à moins de 10 m de deux immeubles, dont une minitour. Les effets des éboulements sont tellement importants qu'on aurait dit que cette situation était presque prévisible. Pourquoi alors avoir engagé des travaux au moment où Skikda vivait la psychose des glissements de terrain et où les autorités locales tentaient de remédier à l'essentiel. Pourquoi au moment où un branle-bas de combat est engagé pour surveiller de près l'évolution de la situation afin d'éviter une catastrophe généralisée, des constructeurs se permettent de déstabiliser un sol dont l'apparence suffit à elle seule pour prédire tant de « gâchis » ? Où étaient donc les responsables ? Les habitants, fédérés en une association, ont saisi les autorités locales le 25 mars pour demander à ce qu'elles interviennent. Ils se disent inquiets quant aux conséquences des travaux de terrassement. Ils avancent que « le projet de construction dont l'assiette est limitrophe à la route Sidi Ahmed risque d'entraver la circulation sur cet axe et représenter un danger aussi bien pour les usagers que pour les piétons. » Dans leurs doléances, les habitants souhaitent l'intervention rapide des autorités pour arrêter au moins les travaux en cours et éviter ainsi le détérioration de la situation. Certains d'entre eux sont allés jusqu'à envisager de porter l'affaire en référé. Insouciance à la cité Zeramna De l'autre côté de la ville, à la limite de la cité Zeramna, se joue un autre drame dans le silence le plus total : le CEM Boulkeroua se détache lentement et dangereusement ! Il ne tardera pas à... s'écrouler et c'est peu dire ! D'ailleurs, la route menant au portail d'entrée n'existe carrément plus. Elle s'est rompue à plusieurs niveaux et ne sert aujourd'hui à rien, sinon à représenter un danger pour les écoliers. Au cas où une urgence viendrait à se manifester dans l'enceinte de l'établissement, aucun véhicule ne pourra y accéder. Aucun ! L'insouciance qui entoure la situation de l'école Boulkeroua est simplement... criminelle, car il se trouve aussi que le poste du transformateur électrique de l'école s'est déterré et les câbles électriques sont aujourd'hui exposés à l'air libre, et gisent dans un fossé gorgé d'eau. Si un court-circuit venait à se produire, qui en serait responsable ? Comment ose-t-on fermer l'œil devant tant de dangers encourus par les collégiens ? La situation qui prévaut aux alentours du CEM est presque identique, car à quelques mètres seulement des lieux, des travaux de construction sont engagés et continuent à ce jour à déstabiliser les talus avoisinants, sans parler des habitants du voisinage qui ont vu leur abri de fortune emporté par les éboulements. Cet état des lieux qui peut être encore conforté par plusieurs autres aberrations n'est certes pas nouveau dans une ville effritée, mais est-ce une raison pour banaliser le danger ? Après toutes les catastrophes vécues par Skikda durant ces derniers mois, doit-on encore laisser faire ? Aujourd'hui, et au moment où l'on tente de tout entreprendre pour que cela ne se reproduise plus, il serait plutôt urgent de tout faire pour que cela cesse d'abord !