Le feu s'est encore déclaré à la zone pétrochimique de Skikda, causant la blessure de deux agents d'intervention. L'immense fumée noirâtre qui a opacifié hier une partie du ciel de la plateforme était perceptible de la ville où de nombreux citoyens n'arrivaient pas à cacher leur appréhension. « Encore un incident ? », s'est-on interrogé non sans se remémorer les drames précédents qui ont eu lieu dans la zone.Le feu d'hier n'a occasionné aucune perte en vies humaines. Dieu merci, mais il est venu, comme un épisode d'un feuilleton qui ne se termine plus, reposer le problème de sécurité dans cette enceinte. D'après plusieurs sources proches de la plateforme pétrochimique, cet incident ne serait qu'un contrecoup, presque prévisible à de précédents accidents, en avançant que « le feu s'est déclaré dans cette zone parce que tous les ingrédients étaient présents ». Et d'expliquer : « La zone du sinistre est située à proximité du complexe gazier et non loin de deux centrales thermiques. Elle est communément appelée ‘‘couloir des pipelines'' car elle sert de lieu de passage groupé à un ensemble de pipes de conduite de gaz, de fuel et de brut. Le feu s'est déclaré au même endroit où un déversement de brut réduit importé (BRI) s'était produit dans la nuit de samedi 24 septembre 2005. Plus de 300 m³ de fuel importé s'étaient alors déversés d'un pipe de la raffinerie sur le sol suite à une forte pression dans la conduite qui aurait déviée le pipe de sa trajectoire habituelle. » Depuis, ajoutent les mêmes sources, la raffinerie n'a pas complètement assaini les lieux malgré les multiples correspondances que lui aurait adressé l'entreprise de gestion de la zone industrielle de Skikda (EG ZIK). « C'est vrai que techniquement l'opération semble impossible car les quantité déversées se sont trop infiltrées dans le sol sablonneux pour envisager une éventuelle récupération, mais l'option de retirer les volumes superficiels du sable auraient due être proposée pour minimiser au moins le risque. » Quant au risque, il était bien réel, expliquent nos sources car « le produit déversé sa caractérise par le phénomène naturel de contraction en hiver, mais il suffit que les premières chaleurs apparaissent pour qu'il se dilate et réapparaisse à la surface. C'est d'ailleurs l'éventualité la plus plausible mais pas la seule ». Le pire a été évité de justesse D'après les mêmes sources, étant un produit très lourd, « le fuel ne s'enflamme pas aussi facilement, c'est-à-dire que le feu d'aujourd'hui a été attisé ou causé par un autre vecteur ». Lequel ? Certains avancent que les travaux menés par le complexe gazier auraient peut-être constitué l'étincelle, alors que d'autres estiment que ce serait plutôt la broussaille qui entoure les lieux qui aurait permis un tel sinistre. La seule évidence, c'est que le feu n'a pas pris du néant, alors que comme à son habitude, la plateforme pétrochimique restait hier encore aux abonnés absents ; quant à la raffinerie, elle a signifié une fin de non-recevoir. D'autres sources qui ont assisté directement au sinistre affirment que l'intervention à temps des forces d'intervention de réserve (FIR) appuyées par les éléments de la Protection civile a permis de circonscrire l'incident à temps mais sans omettre de relever que les conséquences auraient pu être plus graves. « A un moment, le feu a touché un pipe de gaz du GNL. On avait vraiment craint le pire. » Un fait que conforte le début de panique au niveau de la plateforme pétrochimique rapporté par plusieurs travailleurs. On avance même que l'eau venait à manquer car il se trouve, selon des sources bien informées, qu'une des deux pomperies les plus proches du sinistre n'a pas fonctionné, amenant alors les autorités locales qui s'étaient déplacées sur les lieux à recourir au concours de l'Algérienne des eaux pour garantir la maîtrise du feu, qui sera déclaré finalement aux environs de midi. Cet incident ne doit pas constituer un simple fait divers. Au contraire, il ne fait que conforter les appréhensions de la population qui vit à moins de deux kilomètres seulement d'une zone sensible. Et sans paraphraser le ministre de l'Energie et des Mines, qui rappelle à chaque occasion que le risque zéro n'existe pas, le risque répétitif lui non plus ne doit pas exister surtout quand il peut être évité. Pour conclure, les habitants restent convaincus qu'il ne sert à rien de déclarer Skikda zone à risque majeur si on ne s'attelle pas à garantir la sécurité des installations et à assurer au moins des moyens d'intervention adéquats. A moins que Sonatrach chercherait beaucoup plus à s'emparer des assiettes proches de la plateforme pétrochimique pour d'éventuels projets à venir. Qui sait ?