Quelques jours avant le lancement de la Northafrica Developer Conference - qui se tient depuis samedi jusqu'à aujourd'hui à la Cité des sciences d'Alger - Amar Tou ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la Communication, en bon client pour la presse, a martelé son ambition pour l'Algérie « de dépasser le stade de consommateur de TIC à celui de producteur ». Les observateurs les moins sceptiques avaient vu là une autre sortie d'un ministre algérien soucieux de se maintenir en poste et de plaire à son chef hiérarchique. Mais c'était ne pas connaître le docteur Tou. En bon redresseur - stratège qu'il est -, il avait une idée derrière la tête. Son département, probablement la e-commission, s'attelle à finaliser deux grands projets : un ordinateur par ménage à l'horizon 2010 et l'industrie du logiciel et du contenu. Ce sera le prochain challenge du moment que le secteur des télécommunications est totalement ouvert à la concurrence. Il a profité de l'inauguration de la NDC 2005 pour l'annoncer devant une salle de conférence de la cité des sciences bondée de développeurs informatiques - ils étaient 1600 dès l'ouverture de cette 3e Rencontre maghrébine de développement informatique, sur les 2500 inscrits. Microsoft Algérie a été même contraint d'arrêter les inscriptions. Son directeur général, Lahouari Belbari, ne pouvait contenir sa satisfaction. Nos voisins tunisiens ont réuni « seulement » 850 participants en 2003 ; un peu plus, 1350, pour nos amis marocains en 2004. Il est vrai que l'industrie du logiciel en Algérie n'a pas commencé ce samedi dernier. Les Sociétés de services en ingénierie informatique (SSII ) existent depuis l'avènement de l'informatique dans le pays (Big Informatique, Genisoft, GPROD2, Cogitar, Intellix, Oasys, ACI, EEPAD, Gecos...) pour ne citer que celles-là. Mais hisser cette branche au rang d'industrie mérite d'être signalé, particulièrement, s'il est suivi de faits. Le ministre veut aussi placer la NDC 2005 comme « le point départ d'une autre étape de l'utilisation et du développement des TIC » en Algérie. Côté ressources humaines, le rendez-vous de Microsoft permet de se rassurer sur les compétences algériennes que ce soit sur le nombre de participants ou d'intervenants qui animent jusqu'à aujourd'hui les quelque 50 sessions techniques - ils sont 5 sur les 22 animateurs. Et pour mieux marquer cette tendance à favoriser le développement informatique, l'Algérie a invité les pays du G15 à venir débattre à Alger, à partir d'aujourd'hui, de l'industrie des TIC et du contenu. Circulaire Ouyahia Emre Berkin, président de Microsoft pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, qui s'est déplacé d'Istanbul (Turquie) est optimiste pour l'avenir des logiciels de son entreprise en Algérie - il n'y a pas que le système d'exploitation Windows, l'industrie logicielle peut utiliser les outils de développement de Microsoft. Une opportunité pour le n° 1 mondial du logiciel de réaliser de bonnes performances sur le marché algérien. La dernière circulaire du chef du gouvernement rappelant à tous les ministères, les administrations et les institutions l'impératif de régulariser leurs licences de logiciel est une autre raison qui le pousse à l'optimisme. « Nous pensons qu'elle nous permettra de réaliser un taux de croissance de 20 % sur le marché algérien en 2005 », analyse cet ancien de la défunte Digital qui ne lâche pas Bill Gates dans tous ses périples dans la région qu'il gère. Il est rejoint par Lahouari Belbari qui affirme, que depuis l'annonce de cette circulaire, il a reçu beaucoup d'appels de jeunes informaticiens voulant créer leurs propres entreprises et devenir partenaires de Microsoft Algérie. « Le marché algérien est le troisième au Maghreb, mais il est le premier en potentiel. Nous pensons que dans deux ans il sera classé premier dans la région », estime Emre Berkin. Ce potentiel ne l'empêche pas de penser qu'il est trop tôt d'installer un centre de développement de produits Microsoft en Algérie comme c'est le cas en Egypte où les ingénieurs locaux s'occupent de l'intégration de l'arabe dans les produits Microsoft. L'Open Source ne lui pose pas problème pour l'Algérie. « C'est une compétition à laquelle nous sommes habitués », affirme-t-il. Avec la NDC 2005, Microsoft a réussi une belle prouesse en communication, presque cinq années, après son installation : la firme de Bill Gates n'est pas uniquement une armée de chasseurs de licences pirates... Elle fédère toute une communauté de développeurs qui peuvent être les pionniers d'une industrie logicielle en gestation, chez nous bien sûr !