Elle a l'aura de « l'engeance » de ces vamps qui crèvent l'écran et l'étoffe de ces sex-symbols non pas formatés, mais dans le même pedigree des actrices françaises aux initiales B. D. Il s'agit de l'actrice du fameux film culte 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix : Béatrice Dalle. Et elle était en Algérie pour l'avant-première du film Dans tes rêves, de Denis Thybaud, sortant dans les salles de la capitale à partir d'aujourd'hui. Arborant un look rouge et noir, les yeux lavande, la chevelure abondante et noir, un diastème en guise de coquetterie, un sourire charmeur, le port altier, entre deux cigarettes, Béatrice Dalle nous décline le profil -cinégénique - d'une femme française qui est loin d'être « petite ». Elle a tout d'une grande ! Un tempérament trempé dans l'acier, une franchise spontanée, une exigence professionnelle, un humour percutant, une mélomanie hip-hop et puis cette bonté intérieure, l'humanisme. Une antistar ! L'actrice Dalle n'hésite pas à accepter un second rôle dans un film. Bien qu'elle fût dirigée par Ferrara, Doillon, Beineix, Haneke ou encore Bellochio. Et ce, quand la personnalité du réalisateur et son personnage sont en adéquation. C'est dire son humilité. Ce qui compte et importe pour elle, c'est la dimension humaine. Une hôte - actrice - chaleureusement 37°2, le soir ! Entretien pas du tout caniculaire ! C'est votre toute première visite en Algérie... Oui. Je n'ai rien vu pour l'instant. Il y a à peine deux heures que je suis arrivée. J'étais dans ma chambre. Mais vous êtes contente d'être ici... Je suis particulièrement ravie d'être là. Mais vu les difficultés qu'on a eu pour avoir un visa, je me dis que c'est un pays qui doit avoir quand même des problèmes. On l'entend à l'extérieur. Je suis contente d'être d'ici. Vraiment ! Et l'accueil des gens est extraordinaire. Vous avez agréablement surpris votre public en tournant un film sur le rap Dans tes rêves... J'ai toujours baigné dans le milieu de la culture rap. Tous mes amis font du rap. Le choix du film a-t-il été motivé par le réalisateur, le casting ou bien Joey Starr (rappeur) ? (Rires) Oui, pour Joey Star, c'est certain ! Mais c'est surtout le metteur en scène qui donne l'âme d'un film. C'est une peinture et c'est l'âme du tableau. Pour un film, c'est la même chose. Même avant Joey Starr j'écoutais le rap. Et maintenant que je suis plus avec lui, j'écoute toujours du rap. (rires). Cependant, vous êtes exigeante dans le choix d'un film... Toujours ! Ce serait indécent de le faire sans exigence. Je ne le fais pas pour de l'argent, sinon, je tournerais des films qui rapportent beaucoup plus. Je fais ce que j'ai dont envie. Je ne fais pas de concessions. J'ai la chance de pouvoir vraiment choisir mes films. Quel a été le déclic ? C'est le metteur en scène, Denis Thybaud, qui a voulu me rencontrer. On s'est parlé pendant une heure dans un bar-restaurant. Moi, je peux offrir ce que j'ai. Je ne suis pas une marionnette qu'on va déguiser un jour. Si le personnage m'intéresse et ma personnalité l'intéresse, je me lance dans l'aventure humaine. Je m'en fiche du rôle. Ce n'est pas important. Je ne peux pas accepter quelque chose qui est loin de moi. J'aurai l'impression de mentir. C'est usurpateur. Donc, c'est Béatrice Dalle dans ce film. Par opposition aux autres films, y a-t-il une différence ? A la fois, c'est toujours différent. Je recherche toujours une âme, un réalisateur, quelqu'un d'humain que je respecte dans la vie et qui me donne envie d'être là. Ce n'est pas un rôle contre-emploi... Non, je ne trouve pas. A la limite, je m'en fous du métier que je fais. Avant tout, ce n'est pas important. Ce qui compte, c'est l'aventure humaine où l'on tourne avec le metteur en scène, les techniciens et mes partenaires. Après, cela ne m'appartient plus. C'est un beau casting aussi... Cela s'est super bien passé. J'avais l'impression de rentrer à la maison, le soir. Parce qu'il y avait des scènes de concert. Chez moi, j'ai la même musique (rap), j'ai les mêmes mecs qui m'y attendent (rires). Je n'étais pas vraiment dépaysée, quoi ! Et la rencontre avec le rappeur Disiz la peste (Serigne)... Avec Serigne, ça été extraordinaire. Je trouve que c'est un mec brillant d'intelligence. J'ai envie de féliciter sa mère pour l'éducation qu'elle lui a donné. Parce qu'il est droit, intègre et sans concessions. J'ai un grand respect pour lui. J'aime infiniment ce type. (rires) Dans votre carrière filmique, on décèle une ambition quand même... Beinex, Ferrara, Jaumush, Doillon, Bellochio, Haneke... Une ambition pas dans les rôles, mais dans le choix des metteurs en scène. Moi, je suis flattée, je n'ai pas fait d'école de cinéma. Cela m'est tombé dessus par hasard. On m'a découverte sur une couverture d'un magazine féminin. Aujourd'hui, je remercie Dieu tous les jours pour ce qui m'est arrivé. Je ne fais pas de plans. Je ne sais pas ce que je vais faire dans une heure. Quel est le cinéaste qui vous a le plus marquée ? Peut-être Haneke. Parce que Michael Haneke, c'est tellement compliqué et tellement bon de travailler avec lui. Moi, j'aime la rigueur dans le travail. Il est précis et c'est quelqu'un d'introverti. Vous avez été touchante en incarnant une non-voyante dans Night on Earth sous la direction de Jim Jarmush... Eh ben merci de dire cela. Jarmush, c'est quelqu'un d'incroyablement humain, attentionné et brillant. L'image de sex-symbol du film 37°2 le matin vous colle toujours à la peau... C'est flatteur, non ? (rires). Je l'assume très bien. Ce n'est pas bien de renier un film pareil. On sent chez-vous une certaine sagesse, une maturité... Parce que j'aime tellement les gens. Aimeriez-vous tourner en Algérie ? Pourquoi pas, oui. Si on me donne envie de le faire, oui ! Je vais découvrir l'Algérie, oui. Quand je visite tous ces pays, je n'ai plus envie de rentrer à Paris. C'est vrai en plus. Quel est le secret de votre bonheur ? Je suis amoureuse, peut-être. (rires). Je viens de me marier. C'est depuis le mois de janvier.