Le récent appel de la direction du FLN invitant ses élus à se retirer des assemblées en Kabylie produit pour l'heure un effet pour le moins inattendu à Béjaïa. La réunion organisée hier à l'initiative des élus de l'Assemblée populaire de la wilaya de Béjaïa (APW) et ayant regroupé également des élus d'APC est en effet une première dans les annales. Les élus du FFS, du FLN et les indépendants ont à l'occasion, et sous la pression des évènements, oublié leurs contradictions pour formuler d'une seule voix qu'ils ne se plieront pas aux injonctions les sommant de remettre leur mandat. Si la position des indépendants était prévisible et celle des élus FFS pour le moins évidente, puisque les instances du parti ont exprimé la même attitude de refus, le cas est plus compliqué pour les éléments du FLN qui affichent une opposition qui ne peut pas être sans conséquence sur l'avenir de leur parcours de militants au sein du parti. Cela n'a pas empêché les édiles locaux du parti, qui détiennent la majorité dans cinq circonscriptions de la wilaya, de se montrer critiques envers leur direction. Le président de l'APC de Kherrata soutient ainsi que le procédé attente à la dignité des élus, ceux-là mêmes, rappelle-t-il, qui ont été salués par le ministre de l'Intérieur comme des « héros » lors d'une visite effectuée dans la wilaya de Béjaïa le 10 avril 2003. Dans la foulée, l'édile local soutient que si les gouvernants cherchent véritablement à asseoir la légitimité, « ils n'ont qu'à commencer par le haut », en décochant des flèches à l'adresse d'Ouyahia, « un chef du gouvernement qui ne jouit d'aucune majorité dans les instances élues », stigmatise-t-il. Intervenant au nom des indépendants, un élu à l'APW trouve que le protocole d'accord signé entre le gouvernement et le mouvement des archs a été paraphé par des « indus occupants » des institutions de l'Etat et un cadavre politique. Le président de l'APC de Derguina, élu également sur une liste indépendante, estime que l'on est en train de remettre de l'agitation dans une région qui recouvre sa sérénité pour des desseins obscurs. Enfin, les représentants des trois tendances concernées par la question se sont promis d'agir dans l'union et faire front commun pour aller jusqu'au bout de leur mandat.