Un scepticisme inopportun, une cavalière ignorance ou une indifférence plate ne peuvent évacuer une réalité gravée sur du marbre. Alger n'est pas orpheline de monuments, de palais superbes, de repères historiques indéniables. Et ce n'est pas verser dans une sotte suffisance ou sombrer dans une incurable nostalgie que de le rappeler. Les faits l'attestent. Ce legs n'est pas illusoire. Il existe, défiant le temps, les outrages et l'hypocrisie. Il survit en dépit d'une frivolité blâmable, d'une mémoire atrophiée. Dès lors que la nécessité inaltérable de sauvegarder et de réhabiliter ce patrimoine entre en mouvement, on observe une appréhension errante, une motivation discordante. « Quand tout est clair et bien pesé, les raisons qui nous décident semblent découler de la nature des choses. » Dans le sujet qui nous intéresse, des voix avisées, lucides et certainement autorisées n'arrêtent plus de recadrer le débat et de remettre les pendules à l'heure, pour justement opérer des ruptures avec une vision surannée. La persistance de réflexes défectueux et d'efforts versatiles a fabriqué une image faite d'inertie, de tergiversations que seule une pression externe et impatiente bouscule et met en branle. De même qu'un problème lié à la finalité, que l'on veut conférer à un édifice, se pose. Un repère historique, transformé en administration publique, n'est pas forcément utile. Il y a des reconversions qui ne sont pas souvent heureuses. Que de sites anciens subissant tares et avatars. Concevoir, évaluer et agir. C'est la riposte à des attitudes dilatoires. Une chose est sûre que l'on ose proférer en ce mois « béni », dédié à la mémoire, au patrimoine et à l'histoire. L'acte de restaurer et de réhabiliter n'a jamais été une affaire d'apothicaires ineptes.