Selon Rachid, ingénieur quadragénaire, “c'est évident, ils (l'Eepad) sont les seuls à proposer un service potable, j'ai pu avoir la 1 méga avec les premiers et leur service de télé dépanne pas mal la famille”. C'est du moins ce que lâchait, il y a une semaine, sur un ton excédé, l'employé d'Eepad du bureau d'Alger-Centre. “Au pire, après la fête de l'Aïd, elle sera rétablie”, ajoute-t-il pour essayer de décrisper les mines interrogatives des nombreux clients venus donner la énième dernière chance à leur fournisseur d'accès à Internet. Mais on peut se demander pourquoi, après plus de dix jours de coupure, il y a encore des clients qui se bousculent à l'affût du moindre signe qui redonnerait espoir. Selon Rachid, ingénieur quadragénaire, “c'est évident, ils (l'Eepad) sont les seuls à proposer un service potable, j'ai pu avoir la 1 méga avec les premiers et leur service de télé dépanne pas mal la famille”. Eepad avait lancé, il y a un peu plus d'une année, un bouquet de chaînes satellitaires via son réseau, avec même une offre incluant le fameux bouquet Canal+. On se souvient des pubs en prime time Ramadhan sur l'ENTV, incarnées par Hamid Achouri. Un jeune nous déclare que “mis à part quelques perturbations, la connexion Eepad est très satisfaisante. Je n'éteins que très rarement mon modem et cela m'a permis de transformer mon ordinateur en quasi-serveur sur la Toile, ce qui me permet de gagner ma vie en euros”. “Il a raison, nous dit une maman, je me suis abonnée chez eux en premier, et avec une deuxième ligne on a voulu essayer la connexion chez Fawri. Au bout d'une semaine, tous les membres de la famille se retrouvaient à utiliser la même connexion, celle de l'Eepad.” Et pour cause, en l'absence d'une réelle étude indépendante sur les deux fournisseurs, Algérie Télécom avec ses filiales (Fawri, Easy et Djaweb avec Anis) traîne, à cause de son retard d'intégration à l'ADSL, une mauvaise réputation quant à la qualité et la stabilité de sa connexion, dont est déjà soustraite toute forme de valeur ajoutée, telles la téléphonie IP, la réception TV ou la VOD (vidéos à la demande) ou même des modems Wifi. Des services qui existent chez le concurrent Eepad, pourtant lourdement endetté. Algérie Télécom compte bien camper sur ses positions de créancier impatient, mais sur les “40 milliards” de dinars que lui doivent de multiples institutions algériennes, l'entreprise étatique donne l'impression de s'acharner sur les 2 milliards d'Eepad, tant l'affaire est médiatisée. Eepad, partenaire d'Algérie Télécom depuis plusieurs années, semble subitement être tombée dans l'endettement vis-à-vis de l'opérateur historique qui déclare par la voix de son directeur, Benhamadi, devoir plus d'un milliard de dinars à la société de Harzallah depuis fin 2007, c'est-à-dire bien avant la déclaration de l'ex-ministre, M. Haïchour, de baisser les tarifs d'abonnement chez l'entreprise publique de 50%. La suite, désormais, tout le monde la connaît. Pourtant, à force de répéter les mêmes arguments, d'un côté comme de l'autre, plusieurs zones d'ombre apparaissent sans toutefois trouver d'éclaircissements. Qui a déclenché tout cela ? Est-ce la déclaration de l'ex-ministre des Télécoms ou son départ ? Est-ce le changement à la tête d'Algérie Télécom qui a fait remonter l'écume des dettes ou le lancement en grande pompe de l'usine de fabrication d'ordinateurs portables Zala ou bien encore la lutte contre la “cybercriminalité” ? Le réveil tardif d'Algérie Télécom, qui décide subitement de régler ses comptes avec un partenaire de longue date (comprendre donc bon payeur jusqu'à 2007) a de quoi étonner par son aspect “scène de ménage en public”, comme d'ailleurs ses méthodes intransigeantes qui, à défaut d'être efficaces, ne font que pénaliser des milliers d'usagers qui se sentent “punis”, puisque délestés de la protection d'un service public pour avoir choisi le privé et qui ont le malheur de croire, vu le flou artistique qui entoure cette affaire, que tout va rentrer dans l'ordre. Mais dans l'ordre de qui ? Harzallah, Benhamadi, l'ARPT, Bessalah ou la justice qui attend d'être saisie ? Pourtant, une chose est claire, le e-monde d'aujourd'hui n'attend pas la e-Algérie 2013. Même nos supposés 30 millions d'abonnés à la téléphonie pataugent dans des services dépassés et stagnent face à des offres trop chères. L'opération Ousratic semble plus que jamais orpheline de ses partenaires et l'internet haut débit aléatoire et dépourvu de e-commerce, sombre dans la sotte lubie. Dans la e-Algérie 2009, il n'est pas rare, lors de la souscription à un abonnement Internet, qu'on vous demande de chercher vous-même le bon modem pour vous connecter à l'ADSL, mais à condition que les lignes ne soient pas “saturées”, que vous soyez “raccordable” quand, bien évidement, vous avez la chance de disposer d'une ligne téléphonique fixe, ce qui relève parfois de l'utopie quand vous habitez à seulement quelques kilomètres d'une ville. “Tu sais, finalement, c'est quoi ADSL chez nous, me dit Karim, un étudiant qui voulait résilier son contrat et ne plus en reprendre, c'est l'Algérie dans sa léthargie, et on ne te laisse même pas le moyen de te désabonner.” H. Y.