Le fléau de l'abattage des arbres dans la forêt de la localité d'Aghribs prend une gravité particulière ces dix dernières années. Entraînant une réduction du couvert végétal dans cette région, les partisans de la protection de l'environnement tirent la sonnette d'alarme pour que les pouvoirs publics interviennent en toute urgence afin de sauver ce qui reste du patrimoine forestier. Tamgout et Aït Laddeur (Bouhlalou), les deux forêts qui font la fierté des montagnards de cette région, subissent aujourd'hui une dégradation sans précédent. L'exploitation clandestine, la recrudescence des incendies et les décharges illicites causent la décroissance et la disparition des espèces végétale et animales. En plus de l'appauvrissement de la diversité biologique que cela engendre, cette destruction agit négativement sur l'économie, sachant que ces forêts représentent l'une des richesses de la région. Le phénomène qui devient inquiétant est celui des incendies à répétition, « une pratique qu'utilisent les exploitants clandestins du bois de chauffage », signale un garde forestier interrogé à ce sujet. Le massif d'Aït Laddeur qui a une superficie de 335 ha, composée essentiellement d'un taillis de chêne-liège résultant d'un incendie de forêt, offre aujourd'hui un spectacle désolant. On perçoit également une décharge illicite, où des tonnes de déchets sont déposés aux abords de la RN 71 reliant Aghribs à Azazga. Malgré les réclamations des villageois auprès des collectivités locales et les services de la wilaya, « la situation n'a pas changé et les déchets gagnent encore plus d'espace dans la forêt », selon les propos d'un citoyen. La forêt de Tamgout, (3388 ha) connaît elle aussi un abattage sauvage des arbres. Des centaines d'arbres sont coupés et vendus quotidiennement, essentiellement du chêne-zeen ou du chêne-liège, selon le choix du client. « La déforestation fait vivre certains, mais les conséquences sont dramatiques, dénonce-t-on. Autrefois, on accède jamais dans les forêts par crainte de se perdre, mais avec cette déforestation sauvage, on craint qu'il ne restera guère d'endroit inacessible », nous dit un vieux berger qui semble bien connaître Tamgout.