Les principaux pays émergents réunis au sein du G24 ont à nouveau réclamé vendredi un rôle accru et une meilleure représentation au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), à la veille des réunions de printemps des deux institutions. Les ministres du G24 « ont insisté sur la nécessité d'actions concrètes pour réduire le déficit démocratique et renforcer la voix et la participation des pays en développement dans le processus de décision du FMI et de la BM », selon le communiqué publié à l'issue de leur réunion à Washington. « Les ministres ont exprimé leur déception devant l'absence de progrès sur ce point », ont-il souligné dans leur communiqué. Ce groupe a été établi en 1971 pour assurer que leurs intérêts soient bien défendus dans les institutions multilatérales. Reprenant exactement la formulation de leur précédent message en octobre, le communiqué ajoute que « la sous-représentation actuelle des pays en développement dans les conseils d'administration de la BM et du FMI mine la légitimité et l'efficacité » de la BM et du FMI. Les voix au sein des deux conseils d'administration sont réparties selon l'importance des contributions financières, les Etats-Unis pesant évidemment le plus lourd parmi les 184 Etats membres. Le G24, qui compte entre autres l'Inde, l'Argentine, le Brésil et l'Afrique du Sud, a lancé "un appel urgent pour la mise au point d'une nouvelle formule de calcul des quotes-parts » afin de notamment tenir compte des vulnérabilités des pays pauvres face aux mouvements des prix des matières premières, des capitaux ou autres chocs extérieurs. « Il y a eu très peu de progrès depuis trois ans qu'on en discute, mais nous ne pouvons pas laisser tomber », a insisté le secrétaire du G24, le Mexicain Ariel Buira, devant la presse. Rappelant qu'à la création des deux institutions « les Etats-Unis étaient les plus gros créditeurs, seule source d'exportation de capitaux », M. Buira a souligné qu'aujourd'hui ils sont « la première nation débitrice du monde », faisant allusion au déficit courant record. « Si vous prenez les réserves (de monnaies), celles des pays en développement sont considérablement plus élevées que celles des pays industriels », a-t-il ajouté en affirmant que le système actuel de représentation au sein des institutions « était totalement déconnecté de la réalité ». Enfin, alors que le G24 avait encore demandé en octobre que le nouveau patron de la BM ne soit pas choisi en fonction de sa nationalité, ses ministres sont restés très discrets lors de la polémique autour de la désignation de Paul Wolfowitz par la Maison-Blanche pour succéder en juin à James Wolfensohn. Traditionnellement, la présidence de la BM revient à un Américain et la direction du FMI à un Européen. « Je n'ai pas été consulté sur cette nomination », a souligné le président en exercice du G24, Paul Toungi, ministre des Finances du Gabon. « Nous avons pris acte de sa nomination et n'avons aucun moyen de la contester », a-t-il ajouté en précisant qu'il ne fallait pas « regarder dans le rétroviseur, mais regarder vers l'avant (...) et faire en sorte que les revendications positives des pays en développement » en matière de transparence, entre autres, au sein des institutions « puissent aboutir un jour ».