Les déclarations de Mustapha Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), faites le 28 juillet dernier au forum d'El Moudjahid, par rapport au travail de la commission d'enquête sur les disparus, n'étaient pas sans susciter des réactions des premiers concernés, en l'occurrence les familles des disparus. Rassemblées depuis des années dans un collectif dont le siège est basé à Paris (France), ces dernières ne désespèrent pas. Elles poursuivent corps et âme leur lutte afin de faire la lumière sur les conditions de disparition de leur progéniture, pères, frères ou proches. Le Collectif des familles des disparus en Algérie (CFDA), présidé par Nassera Dufour, se montre « insatisfait » de la démarche de la commission ad hoc, installée par décret présidentiel le 14 septembre 2003, en vue de résoudre cet épineux dossier, en souffrance depuis des années. Prenant acte de la dernière sortie médiatique de Ksentini, les familles des disparus déplorent que « la commission ad hoc (...) ne soit pas conçue comme une commission d'enquête tel que l'avait affirmé le président Bouteflika ». Pour le collectif, si réellement la mission de cette commission est de « faire la lumière sur la question des disparus et de dire la vérité aux parents des victimes », il faudra la doter des pouvoirs appropriés pour accomplir convenablement sa besogne. Il relève, dans un communiqué rendu public hier qu'après dix mois d'existence « la commission ad hoc, instituée officiellement pour une période de dix-huit mois, reste non seulement dans l'opacité totale sur son mode de fonctionnement, mais n'est toujours pas en mesure d'apporter des éléments nouveaux pour la résolution de cas ». Pour apporter leur contribution en vue de faire avancer ce dossier, le CFDA et SOS disparus avaient suggéré à M. Ksentini, lors d'une rencontre le 31 mai 2004, de permettre aux familles des victimes et aux témoins d'être confrontés aux auteurs présumés de ces actes d'enlèvement. Selon le CFDA, il y a au moins 20 dossiers « significatifs dans lesquels les familles de disparus ont formellement identifié et nominativement désigné des agents de services officiels de l'Etat ». A ce propos, le collectif et SOS disparus dénoncent l'indisponibilité des autorités concernées à apporter leur concours, considérant « peu crédibles » les mécanismes mis en place. Dans le même contexte, ajoute-t-on dans le communiqué, les familles ont demandé à Ksentini d'œuvrer à libérer « toutes les personnes détenues dans des camps secrets ». Farouk Ksentini réagit par rapport à cela et rejette la thèse faisant état de l'existence des « camps secrets » appartenant aux services de l'Etat. « A ma connaissance, il n'y a pas de camps secrets en Algérie », a-t-il indiqué. « Mon travail à la tête de la commission ad hoc consiste seulement à établir une réflexion sur le cas des disparus que je transmettrai ensuite au président de la République. Nos pouvoirs sont limités par les statuts et les textes de lois portant installation de ladite commission. A partir de là, nous ne pouvons ni auditionner ni juger quiconque », expliquera-t-il. Quant à la proposition des familles d'affronter les présumés, Ksentini estime qu'une telle confrontation s'avère d'une portée « inutile ».