L'ombre de Ali Mecili, compagnon politique d'Aït Ahmed, assassiné le 7 avril 1987 à Paris par le pouvoir d'Alger, continuera de hanter les esprits tant que justice ne lui sera pas rendue », a déclaré maître Hocine Zehouane, militant des droits de l'homme, lors d'une rencontre organisée hier à Alger par le secrétariat national du FFS. Aux côtés de Ali Laskri et de Abdelkrim Tabbou, respectivement premier secrétaire et secrétaire national chargé de l'information du FFS, maître Zehouane semblait ainsi jouir du quitus de la direction du plus vieux parti d'opposition lorsqu'il évoquait des noms de hauts responsables de l'Etat français de l'époque, « impliqués dans l'assassinat ». En premier lieu Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, et son délégué chargé de la sécurité, Pandraud. L'actuel président de la République française, Jacques Chirac, à l'époque Premier ministre, et même François Mitterrand, chef de l'Etat au moment des faits, ne seront pas épargnés. « Il y a eu une espèce de conjonction d'intérêts algéro-français », soutient-il non sans pointer un doigt accusateur vers le président Chadli Bendjedid et le patron des services secrets algériens, en l'occurrence Lakhdar Ayat. « Pourquoi a-t-on tué Ali Mecili ? Pourquoi entretenir le black-out ? », s'est-il interrogé en affirmant que l'assassin, « agent de la police politique », réside aujourd'hui à Hydra (sur les hauteurs d'Alger) où il gère, révèle-t-il, une société de gardiennage. Les questionnements de l'avocat se font d'autant plus insistants qu'il se demande pourquoi avoir relâché l'assassin alors que la justice française a établi la responsabilité directe de ce dernier. « Le tueur fut expulsé en procédure d'urgence vers l'Algérie sur ordre des autorités françaises de l'époque », a tranché l'avocat, paraphrasant une déclaration du FFS remise à la presse. Pour le parti d'Aït Ahmed, qui commémore le 18e anniversaire de l'assassinat de Ali Mecili, « la tradition des assassinats politiques a été inaugurée durant la lutte de Libération nationale et se poursuit jusqu'à aujourd'hui ». « Rendre hommage à Ali Mecili et agir pour que justice soit faite, c'est se joindre à tous ceux et celles, les familles de disparus notamment, qui refusent d'abdiquer », lit-on dans la déclaration. Ceux qui ont rendu hommage à l'artisan de la rencontre qualifiée d'« historique », entre Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella en 1985 à Londres, n'omettent pas, en outre, de rappeler le « sens politique aigu » du disparu. « Fin connaisseur de la nature du pouvoir, (Ali Mecili) avait mis en garde contre les grandes capacités de corruption, de manipulation et de désinformation d'une police politique qu'il a vu naître », témoigne le FFS dans la déclaration signée par Ali Laskri. Appelant à ne pas confondre entre Etat, « propriété de tous les citoyens », et système politique, l'auteur de la conférence, maître Hocine Zehouane, estime que l'Etat algérien est « captif » de ses dirigeants. Et de lancer à l'assistance, fort nombreuse hier au centre culturel Hassen Hassani de Bouzaréah, à propos de « l'affaire Mecili » : « Votre présence est un verdict ! »