Cette année, la ville de Cherchell (Tipaza) n'a pas célébré, comme à l'accoutumée depuis les années 1990, la fête du Mawlid Ennabaoui. Rencontré en fin de journée au marché de la ville, le président de l'APC de Cherchell explique : « L'année écoulée, nous avions enregistré beaucoup de bagarres. Nous nous sommes passés de cette fête qui nous coûte 30 000 DA. Nous nous préparons à entamer des chantiers. » C'est le 20 avril. La nuit commence à tomber. Les automobilistes venant des autres wilayas affluent vers Cherchell. La ville vit au rythme de l'explosion de milliers de pétards. Les « touristes » de cette nuit scrutent les rues obscures de la ville pour tenter de repérer où se trouve El Manara. Des véhicules immatriculés 42, 16, 09, 26, 31, 35, 44, 15 et de certaines régions françaises sillonnent les principales artères de la ville, créant des encombrements. Klaxons et airs musicaux ont transformé l'ambiance nocturne. Les marées humaines convergent vers la place romaine. Les quelques policiers en faction observent ce mouvement inattendu. Il est 22h. La ville s'est transformée en un véritable défouloir. Les personnes qui se sont aventurées cette nuit, pour se rendre à Cherchell afin de passer quelques moments de convivialité, vont devenir des proies faciles de groupes de voyous. Les assaillants en transe sont jeunes. Depuis l'ex-hôtel Césarée, transformé par l'ancienne wali de Tipasa en sûreté urbaine depuis 2001, le brigadier et quelques-uns de ses éléments tentent de gérer la situation. En vain. Cherchell, ville-garnison, dispose d'un commissariat de police et de deux sûretés urbaines. Les jeunes venus par bus des localités environnantes entonnent des chants, s'imaginant dans un stade de football. La fumée dégagée par les pétards polluait l'air. Le temps était clément cette nuit à Cherchell, une ville qui a été livrée, durant quelques heures, aux « hooligans ». Ce fut l'horreur. A quelques mètres de l'ex-hôtel Césarée, les jeunes se sont s'attaqués aux véhicules, pourtant occupés par des familles. Il est 23h 45. Les assaillants s'en prenaient aux véhicules qui ne portaient pas l'immatriculation de la wilaya de Tipasa. Les vitres volaient en éclats et la tôle des voitures est endommagée. Quelques familles qui se trouvaient à la place Bellombras, voyant le danger venir, fuyaient les lieux. Les dégâts matériels occasionnés sont importants. Des motards venus de la wilaya de Blida ont été attaqués par ces jeunes en embuscade. Des jeunes filles accompagnées sont prises à partie. Les garçons sont agressés violemment, mis à terre avant d'être roués de coups de pied et de poing. Des jeunes Cherchellois ont vite réagi pour protéger les filles. Ils ont dirigé deux filles vers l'ex-hôtel Césarée qui se trouvait à moins de 100 m. Une jeune fille au visage tuméfié est traumatisée. « Inadmissible ! Où est passé le service d'ordre ? Où est l'Etat ? », crient les victimes.