Mal connus - on ne les appelle pas retraités mais vieux immigrés - rien n'est fait pour venir en aide à ces immigrés isolés qui n'ont plus l'âge de travailler, pour les accompagner dans leur vieillesse, relève le Haut Conseil à l'intégration, dans un avis remis au gouvernement français, le mois dernier. La vieillesse de ces immigrés n'a pas été préparée. Ils ne sont pris en charge par personne. Les difficultés sont nombreuses : se loger, se nourrir, exister socialement, l'impossibilité de pouvoir repartir dans un pays où la famille, où les autres ont toujours fait avec l'absence, constate le HCI qui souligne leur état d'isolement et d'abandon, et attire l'attention des pouvoirs publics sur ces « oubliés de l'intégration », qui ont contribué à la prospérité de la France. Ces personnes vieilliront en France et probablement y décèderont. 46% d'entre elles souhaitent être enterrées en France, selon le HCI. Au dernier recensement de 1999, on comptait 537 000 étrangers âgés de plus de 60 ans. Ce chiffre n'inclut pas ceux qui ont acquis la nationalité française. Une grande partie d'entre eux, sinon la majorité, sont algériens. Le HCI constate que « séparés de leurs familles, restées au pays, ils (les retraités isolés) vivent pour la plupart dans des logements insalubres ou dans des foyers non adaptés à leur condition. Ceux qui font la navette entre la France et le pays d'origine logent souvent dans des hôtels meublés dans des conditions de vie accablantes : ils ne peuvent pas se faire à manger, ils ne peuvent pas recevoir. » Le HCI signale, par ailleurs, que si la plupart ne rentrent pas au pays, c'est pour ne pas perdre des droits liés à leur résidence en France, comme celui de se faire soigner en France. Les retraités, qui sont rentrés, bénéficient d'une carte de retraité d'un an renouvelable qui leur permet de circuler entre les deux pays, mais ne peuvent pas se faire soigner en France. Le HCI demande que cette possibilité leur soit accordée. Contrairement à une idée reçue « la consommation de soins des populations immigrés est relativement plus faible. La personne maghrébine consulte environ trois fois moins que la personne d'origine française », relève le HCI. « Les travailleurs immigrés âgés doivent pouvoir intégralement bénéficier des politiques de droit commun. Mais une démarche particulière est nécessaire pour faciliter leur accès à des prestations ou politiques sociales », insiste le HCI, qui adresse un « appel pressant » à l'Etat, mais aussi aux collectivités locales, lesquelles « ont un rôle fondamental à jouer ».