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Moncef Labidi (Président de l'association Ayyem Zamen)
« Le véritable retour, ce sera le rapatriement du corps »
Publié dans El Watan le 26 - 07 - 2004

Moncef Labidi, sociologue, président de l'association Ayyem Zamen, dirige le Café social, première structure du genre qui accueille dans un espace convivial et laïc des migrants qui sont sortis du cercle des actifs, qui vivent leur vieillesse dans la solitude d'une chambrée souvent insalubre et sans confort.
Les migrants vieillissants sont une catégorie de population mal connue ? C'est un public qui s'invisibilise et avec lui s'invisibilisent tous les problèmes qu'il peut rencontrer. Rien n'est fait pour venir en aide à ces immigrés qui n'ont plus l'âge de travailler, pour les accompagner dans leur vieillesse qui se passe hors norme, de manière discrète. Leur vieillesse n'a pas été préparée. Ils ne sont pris en charge par personne. Ils sont en situation d'errance perpétuelle. Les difficultés sont nombreuses : se loger, se nourrir, exister socialement, l'impossibilité de pouvoir repartir dans un pays où la famille, où les autres ont toujours vécu avec l'absence. Quand on revient on devient encombrant. Et on n'a plus sa place... Quelqu'un qui n'a plus sa place, on ne sait plus où le mettre. Le migrant n'a de sens que dans l'envoi du mandat, l'entretien qu'il fait à distance. Revenir dans son pays à l 'âge de la retraite, représente une migration à l'envers. Ces personnes vieilliront en France et probablement décèderont en France. Le véritable retour, ce sera le rapatriement du corps. Tout ce qui n'a pas été résolu du vivant de ces migrants, c'est la mort qui en décide. Il s'agit de migrants dont la famille est restée au pays ? Des migrants qui constituent la plus grande partie de cette génération d'hommes âgés entre 60 et 80 ans. Je ne parle pas d'une migration un peu plus jeune qui, elle, soit s'est mariée ici et s'est établie, soit qui a fait le regroupement familial. Les situations sont très différentes. Qu'est-ce que vous leur proposez au Café social pour sortir de leur isolement ? Avec le Café social, l'idée est d'accueillir les gens dans un cadre convivial et beau, de leur offrir des consommations à des tarifs adaptés à leurs maigres ressources financières et de leur laisser le temps de s'installer. De reprendre contact entre eux. Ils demanderont alors peut-être plus facilement de l'aide, pour remplir des papiers administratifs, pour résoudre leurs problèmes de santé, de logement, d'accès aux droits sociaux. Le Café social est un lieu du lien social qui offre à ces personnes, qui se sont très longtemps fixées à la rue ou s'y sont rivées, une alternative dans la mesure où elles sont accueillies ici autour d'un café, d'un thé par d'autres personnes qui leur parlent, qui s'intéressent à leur histoire et qui, quand elles sont dans un climat de confiance et livrent leurs difficultés. La première chose que nous faisons, c'est cette écoute du cafetier. Ecouter permet de soulager, de poser des jalons, par exemple pour des personnes qui rencontrent des difficultés à l'accès aux droits. Il y a tout un travail d'accompagnement social qui est fait par une assistante sociale, salariée de l'association, qui engage les démarches en vue de recouvrer les droits perdus ou de pouvoir s'y maintenir. Il ne s'agit pas de rentrer simplement dans le dispositif, nous avons affaire à un public très volatile qui a du mal à se fixer quelque part, parce qu'il a un problème de logement. Nous engageons des démarches là où nous avons une solution de logement, même si elle est provisoire. Ils ne sont pas en foyer ? Il y en a beaucoup qui sont hébergés chez... Ceux qui font la navette entre les deux pays logent souvent dans des hôtels meublés dans des conditions de vie accablantes : ils ne peuvent pas se faire à manger, ils ne peuvent pas recevoir... Il n'y a pas de cadres institutionnels de prise en charge spécifique des vieux migrants ? L'association Ayyem Zamen (temps jadis) apporte une réponse complémentaire aux dispositifs qui existent. De manière générale, on sait s'occuper des personnes âgées seules, Françaises. Mais avec les migrants, on ne sait pas vraiment faire parce qu'on n'avait pas prévu qu'ils allaient vieillir ici. Du coup, on n'a pas fait avec les habitudes qu'ils ont acquises, avec la compure du lien de l'autre côté, et sans oublier que la vieillesse donne rendez-vous à la maladie. Le migrant peut estimer qu'il est mieux soigné ici. Et la vieillesse pour tous ces hommes ressemble fortement à une sorte de prise en charge de sa propre santé à la fin de la vie dans de bonnes conditions. Le migrant répugne à aller au pays avec sa boîte à pharmacie, donner de soi une image extrêmement dégradée, amoindrie, dévalorisée. Quelle est la première demande de ces vieux migrants quand ils arrivent au Café social ? D'être écoutés, réconfortés, rassurés, valorisés. Ils ont l'impression d'être de vieux outils qu'on relègue parce qu'ils ne servent plus. Au nombre de personnes qui viennent ici avec des béquilles orthopédiques, j'ai l'impression qu'elles reviennent d'une campagne de guerre. La famille est aussi responsable. On a laissé ces migrants face à l'aventure migratoire, on ne leur a pas indiqué qu'il est un temps où l'aventure migratoire prend fin. Tout se passe comme si l'absence vide de sens le statut de mari, de père, de voisin... Vous parlent-ils de leurs enfants restés là-bas ? De leur famille ? Ils en parlent en termes de soucis, de soucis sans fin. Ils sont venus en France à cause des enfants, les enfants aujourd'hui sont grands, mais ils n'ont pas de travail. Ils continuent à les entretenir. Ce qui signifie au migrant le devoir, l'obligation de reconduire le contrat d'émigration. C'est une émigration insolite, celle qui consiste à rester au delà de la retraite dans un statut d'émigré. On dit les vieux émigrés et non les émigrés retraités. On ne sait pas les qualifier. Dit-on cela des vieux travailleurs français. La notion de retraités pour eux, c'était une sortie de l'effectif des actifs. De quels soutiens bénéficie votre association pour mener à bien ses activités ? La vieillesse des immigrés commence à intéresser les pouvoirs publics, à être prise en compte. On commence à comprendre la détresse de tous ces vieux travailleurs qui n'arrivent plus à revenir au pays et qui, en France, vivent dans la précarité. On a compris aussi la nécessité de soutenir un projet comme le nôtre, car il y a une réponse à apporter en termes de lien social, en termes d'accès aux droits, aux loisirs, à la culture. Le Café social est soutenu par la mairie de Paris, la Préfecture, le Fonds d'action et de soutien à l'intégration et à la lutte contre les discriminations (FASILD), la Caisse nationale d'assurance vieillesse, le Conseil régional et des fondations privées.

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