Le ministère de la Cohésion sociale finalise son projet d'allocation des travailleurs immigrés qui n'ont pas assez cotisé pour avoir une retraite complète. Cette allocation remplacerait les minimas sociaux, assortis d'une obligation de résidence en France et permettant ainsi aux retraités immigrés de retourner vivre s'ils le souhaitent dans leur pays d'origine. Cette fois-ci, c'est réellement décidé, ou presque. Le gouvernement souhaite permettre aux immigrés de bénéficier d'une allocation spécifique de retraite sans les contraindre à résider la plus grande partie de l'année en France. Il va lever l'obligation de résider en France à l'année pour les 40 000 retraités, près de 60 000, selon d'autres sources qui touchent les minimas sociaux. « L'idée est de laisser à ceux qui ont durement travaillé ici et qui sont arrivés à l'âge de la retraite, le choix de passer du temps dans leur pays d'origine », explique Jean-Louis Borloo, ministre du Travail et de la Cohésion sociale. Jusqu'à présent, les retraités immigrés qui bénéficiaient d'une allocation spécifique, via le fonds de solidarité vieillesse, devaient résider en France durant au moins neuf mois dans l'année. Cette allocation, versée par l'Etat, vient en complément du système de retraite contributif, pour lequel le salarié a cotisé pendant son activité. Remplaçant les compléments et les minimas sociaux, cette allocation spécifique leur permettrait de finir leur vie dans leur pays sans perdre les avantages dont ils disposent en France. Le Haut conseil à l'intégration, dans son rapport de 2006 estime que « cette obligation de résidence constitue une inégalité de fait pour les retraités immigrés. Certains d'entre eux peuvent être ainsi contraints à ne pas retourner vivre au pays alors qu'ils le souhaiteraient ». Une forme d'assignation à résidence que condamne le ministre du Travail. Actuellement, pour toucher l'intégralité du minimum vieillesse, soit 610,28 euros, il faut résider en France. Ceux qui résident à l'étranger en touchent seulement une partie, soit le complément d'allocation unique de solidarité, qui s'élève à 250,78 euros. Sur le plan pratique, il serait prévu, en accord avec Sonacotra, bailleur, que ces retraités puissent bénéficier d'une adresse permanente et se relayent dans les chambres ou studios qu'ils loueraient trois mois dans l'année. Ceux qui bénéficiaient de l'allocation personnalisée au logement (APL) et qui devaient résider huit mois en France perdront l'APL, mais verront leurs trois mois de loyer répartis sur les douze mois.