Les clubs algériens voyagent mal en compétitions interclubs africaine et arabe. Ils étaient six au départ, USM Alger et JS Kabylie en Ligue des champions d'Afrique, MC Oran en coupe de la confédération, NA Hussein Dey, ES Sétif et MC Alger en Ligue des champions arabe. Aucun n'a survécu aux éliminatoires. C'est un constat accablant, mais loin d'être surprenant. L'élimination en cascade de nos clubs reflète la triste réalité de notre football qui meurt à petit feu de ses contradictions. L'échec de ces six cadors nous renseigne un peu plus sur l'étendue du mal qui ronge le ballon rond en Algérie. La compétition locale renvoie l'image réelle de ce football, miné par la corruption, la combine et bien d'autres (mauvaises) choses qui ont envahi la place, faisant fuir la compétence, l'intégrité, la moralité et les vertus du travail. Tous ces ingrédients indispensables à l'épanouissement du football ont été, petit à petit, bannis du lexique, au profit de la politique de la poudre aux yeux, du mensonge, des passe-droits ... La coupe d'Afrique et la coupe arabe ont, de nouveau, mis à nu nos carences dans tous les domaines du football que ni la sortie honorable de l'USM Alger devant le Ahly du Caire ni l'élimination imméritée du MC Alger face à l'Ittihad de Djedda n'atténueront. L'élimination sans gloire de la JS Kabylie par un modeste adversaire guinéen, Fello Star, et du MC Oran face aux Camerounais de Bomboutous Bouda, a laissé sans voix observateurs et supporters des deux clubs. Pourtant, ces deux clubs ne sont pas n'importe qui. Ils traînent derrière eux une longue et riche histoire ponctuée de titres nationaux, continentaux et arabes. Par ailleurs, le NA Hussein Dey et l'ES Sétif ont reproduit en coupe arabe leur parcours en championnat, c'est-à-dire très modeste par rapport à leurs ambitions et leurs moyens. Que dire de plus au lendemain d'une contre-performance collective des clubs algériens alignés en compétitions internationales, sinon qu'il s'agit du reflet d'une situation, d'un état trop souvent occulté pour mieux cacher la réalité. Dans sa configuration actuelle, le football algérien ne peut prétendre à un meilleur destin que celui qui est le sien depuis la fin de la réforme sportive, matérialisée par le désengagement des entreprises qui s'occupaient du football et du sport. La gestion qui lui a succédé fait dans l'à-peu-près et l'improvisation. Les clubs, clé de voûte de tout l'édifice, ont été vidés de leur substance et déviés de leur vocation première, à savoir la formation de jeunes talents. Lâchés dans la nature, subventionnés, mais rarement contrôlés, ces derniers ont créé leur propre modèle de fonctionnement basé sur l'assistanat et la dilapidation des deniers publics au profit exclusif des seniors. La politique des résultats à tout prix a fini par achever les ultimes remparts qui séparent la performance et le football de quartier. Il est clair qu'en livrant les clubs à la rue, ou plus exactement à ses influences, on ne peut espérer grand-chose en retour. A leur corps défendant, ils réclament le minimum (conditions de travail), mais ne l'obtiennent pas. Aucun club en Algérie ne dispose de ses propres infrastructures d'entraînement. L'USM Alger, par exemple, partage souvent ses créneaux d'entraînement avec des minimes et des vétérans, alors que les équipes africaines qu'elle côtoie en coupe d'Afrique disposent de leurs propres installations d'entraînement. C'est un cas qu'on peut multiplier à l'infini puisque, sur ce plan, les clubs algériens sont tous logés à la même enseigne. L'équipe nationale est lotie au même chapitre. Trouver des terrains où s'entraîner a toujours été un souci majeur pour les sélectionneurs qui se sont succédé à sa tête depuis 1990. Pour ce qui est du domaine technique, le tour du propriétaire est vite fait. Le niveau de la compétition (championnat) rase le gazon synthétique sur lequel évoluent les joueurs. Qu'évoque le championnat d'Algérie autrement que la violence dans les stades, la corruption, les matchs arrangés ... ? La situation restera en l'état, tant qu'aucun changement radical n'interviendra au niveau de tous les segments du football. Aujourd'hui, ce dernier est à sa véritable place. Ni plus ni moins.