La célébration en Algérie de la Journée nationale des personnes âgées, coïncidant avec le 27 avril, prend depuis quelques années les allures d'une fête aux contours sociaux, bien que cette catégorie de la population, souvent marginalisée, mérite toute la gratitude du monde pour des raisons connues par le commun des mortels. Hélas, la réalité est toute autre. A Constantine où les protocoles d'usage n'ont guère dérogé à la règle, « l'événement » semble être déjà inscrit dans l'agenda des services de l'action sociale, même si l'évocation des personnes du troisième âge rappelle toujours la sinistre histoire de la maison des vieillards de la commune d'Ibn Badis, restée comme une tache noire dans la mémoire collective des Constantinois. La décision de la fermeture de cet établissement, prise en août 2003, par Tayeb Louh, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale de l'époque, lors d'une visite d'inspection à la wilaya de Constantine, a mis fin à un long calvaire pour les pensionnaires de ce qui fut qualifié, jadis, d'un Alcatraz bis. La gestion chaotique et désastreuse de son ancien directeur qui devait être poursuivi en justice a créé une polémique qui n'a pas livré encore tous ses secrets. Durant des décennies, des dizaines de personnes âgées, n'ayant pas de familles ou abandonnées par les leurs, étaient livrés à eux-mêmes dans un centre dépourvu des simples commodités d'un séjour digne. « Nous avons souffert aussi bien de l'isolement, de l'éloignement et de l'anonymat », nous dira un ancien pensionnaire. Le transfert des locataires du centre Ibn Badis nécessitera encore du temps en l'absence de structures d'accueil. Le choix porté sur un vieux projet d'un centre de rééducation, abandonné par la CNAS, obligera les autorités locales à puiser dans les fonds de la wilaya pour le réaménager. Une opération qui a coûté près de cinquante millions de dinars, dont une bonne partie a été financée par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, pour laquelle il a manifesté un grand intérêt. Témoin les multiples visites d'inspection de l'actuel ministre Djamel Ould Abbas. Pour les locataires du nouveau centre, ouvert depuis un an et qui porte le nom de Abdelkader Boukhroufa, défunt président du Croissant-Rouge algérien, les conditions de séjour se sont nettement améliorées. Le site abrité par la localité d'El Djelloulia, dans la commune de Hamma Bouziane, une région à caractère agricole, à une dizaine de kilomètres de Constantine, offre un cadre agréable ainsi que l'avantage d'être à proximité de la route de Jijel. Une centaine de personnes issues des différentes communes de la wilaya sont convenablement prises en charge grâce à la disponibilité permanente d'un personnel mobilisé dont un médecin, un psychologue, trois infirmiers, une assistante sociale et des éducateurs. « Notre premier souci demeure l'amélioration de la prise en charge et l'humanisation des conditions d'accueil et de séjour pour les pensionnaires qui ne devront en aucun cas ressentir cette absence familiale qui les affecte énormément », souligna Abdelmadjid Boumenkar, directeur de l'action sociale. « Les résidents du centre qui ont désormais la possibilité d'exercer diverses activités manuelles auront l'avantage de mieux s'investir dans les ateliers d'élevage après l'aménagement des terrains nécessaires », conclut-il. Plusieurs animations ont été déjà mises au point pour célébrer, aujourd'hui, la Journée nationale des personnes âgées. Des moments que ces derniers souhaiteraient revivre autant que possible durant le restant de leur séjour sur terre.