C'est dans la soirée de lundi que le tribunal correctionnel de Chlef a rendu son verdict dans l'affaire mettant en cause le chanteur de raï Azzedine et son éditeur Rahal Djillali, patron de la maison fraternelle à Oran. Tous deux sont poursuivis pour diffamation et outrage à corps constitués suite à une plainte de la wilaya et de l'APC de Chlef. Ils ont été condamnés à 8 mois de prison ferme chacun et à verser 1 000 000 DA de dommages et intérêts à la police civile et une amende de 10 000 DA. Le tribunal a également ordonné la publication aux frais des accusés du jugement dans des quotidiens nationaux pendant une semaine. Sur un autre plan, il a interdit l'édition et la commercialisation de la cassette audio objet de l'action en justice. Celle-ci, rappelons-le, fait suite à la nouvelle chanson intitulée Chouf el hogra chouf, dans laquelle il s'attaque aux premiers responsables des institutions citées sans les nommer expressément. Il n'a pas non plus épargné le corps de la magistrature à travers le cas d'un magistrat qui, d'après lui, « signe sans voir ». La représentante du ministère public avait requis deux ans de prisons ferme pour chacun des mis en cause et le versement d'indemnités pour le préjudice causé aux plaignants. L'avocat de la partie civile a qualifié les accusations du chanteur de « gratuites et diffamatoires en s'en prenant sans raison au wali, au chef de daïra et au président de l'APC de Chlef ». L'institution judiciaire n'avait pas déposé plainte afin, semble-t-il, de permettre au procès de se dérouler dans la sérénité. Appelé à la barre, entouré de six avocats, Azzedine, de son vrai nom Adda Benaouda, a indiqué qu'il n'a jamais été dans son intention de critiquer quiconque ou de porter atteinte aux responsables cités. « J'ai abordé un sujet comme tant d'autres et je ne visais personne. Autrement, je n'aurais jamais produit cette cassette. » Une réponse qui n'a apparemment pas convaincu les magistrats et l'avocat de l'administration locale. Tout en plaidant l'acquittement de leur client, les défenseurs du chanteur ont surtout insisté sur la responsabilité de l'Office national des droits d'auteur (ONDA) dans cette affaire. Celui-ci, d'après eux, a approuvé l'œuvre incriminée.