Sougueur, deuxième grande daïra et non moins importante commune de la wilaya de Tiaret (26 km au sud du chef-lieu), vit au rythme des problèmes vécus par sa population, liés vraisemblablement à son expansion urbanistique pour le moins anarchique. L'urbanisme croît démesurément à la faveur d'un bond démographique important, fruit d'un exode favorisé par une sécheresse cyclique, le terrorisme et la dilapidation de son foncier. Autrefois, la ville était considérée comme un important carrefour économique de par l'existence d'un marché hebdomadaire à bestiaux et des activités liées à l'artisanat traditionnel. Sougueur s'est transformée, au fil des ans, en une ville qui souffre surtout de ses nombreux maux sociaux et sa jeunesse est en quête de perspectives nouvelles. Une ville où régneraient l'insécurité et surtout l'impunité qui ont valu une vive protestation de la part de sa population qui vient de manifester pacifiquement contre l'ordre établi. Un ordre qui tire sa quintessence principalement de la corruption, de l'entrisme et de l'hégémonie d'une caste qui a tissé confortablement sa toile d'intérêts. La rencontre, tenue la semaine dernière avec le wali et les membres de l'exécutif local, a été l'occasion, une fois de plus, pour les habitants de Sougueur, de décrire les problèmes qui les entourent. Des problèmes d'ordre socio-économique liés au cadre de vie, aux longs retards mis dans la distribution des logements, à l'éducation, l'emploi, l'environnement, l'insécurité, etc. « L'insécurité a généré la peur, le repli sur soi et des drames incommensurables. Elle s'est même répercutée directement et négativement sur l'activité économique », signalera un membre actif de la société civile en marge de la rencontre. Le marché hebdomadaire, qui constitue notamment une source financière appréciable pour l'APC, serait mal exploité. « Cédé à un particulier pour 47 millions de dinars en 2003, il est cédé, curieusement, à 33 millions de dinars », note-t-on dans une déclaration remise au wali. Certains n'ont pas hésité à lier cette cession à une mauvaise gestion, au moment où d'autres parlent de juteuses affaires pas toujours conformes à la réglementation. Beaucoup d'autres préoccupations figurent dans la déclaration. Le foncier urbain, les craintes liées aux rejets industriels de l'usine à batterie, l'ouverture d'antennes de certains organismes sociaux à même de mieux s'occuper des jeunes en matière d'emploi, les labours illicites de la steppe qui font avancer le désert à grands pas et l'exploitation anarchique des sablières ont été aussi au cœur des préoccupations soumises aux autorités locales.