Dans cette ville, l'urgence de repenser l'espace urbain se fait sentir. Dans une lettre de protestation, argumentée et contenant des suggestions pour le moins pertinentes, l'Association de protection de l'environnement, de la promotion et de l'aménagement du territoire vient d'interpeller les autorités locales sur la réalisation du nouveau siège de l'APC de la commune de Tiaret érigé en lieu et place de l'ancienne DDA saccagée du fait d'un acte terroriste. «La dynamique qui caractérise la ville de Tiaret à la suite de la mise en place de cellules répondait», écrivent en préambule les signataires de la lettre à «un souci de circonscrire les problèmes que rencontre le chef-lieu de wilaya dans son développement et pour lesquels le mouvement associatif local a adhéré pleinement»; cela «nous a amené» dit le président de cette dynamique association à émettre des réserves car «en adéquation avec la démarche prônée par les nouveaux responsables quant à une occupation rationnelle des sols et de l'implant des équipements structurants là où l'intérêt général des citoyens l'exige et à même de permettre un développement harmonieux du tissu urbain». Des réserves qui portent donc sur le choix du site loin de répondre aux attentes futures des citoyens tiarétis. Ce nouvel hôtel de ville tout en étant situé à moins de 200 mètres de l'ancienne bâtisse va être érigé dans une zone où le trafic routier et la concentration humaine sont encore plus denses. Là justement où des infrastructures publiques existent déjà, précise M.Abdelhadi Kacemi (central téléphonique, siège de la daïra et des bureaux annexes rattachés, salle des conférences Mustapha Mekki, gare routière, résidence du wali, maison des ligues et associations, poste, cantonnement de la gendarmerie nationale, bibliothèque municipale, place publique, etc.). Loin donc des Zhuns, ces cités d'habitat collectif dépourvues, comme le signalait il n'y a pas si longtemps la direction de l'urbanisme, des commodités les plus élémentaires et à même de permettre une restructuration des espaces publics et d'accompagnement afin d'améliorer le cadre de vie. Ce projet loin de constituer une priorité dans un chef-lieu déjà saturé par des constructions anarchiques, notamment au niveau de l'ancien tissu urbain où la moindre poche foncière a été dilapidée, ne répond nullement à un souci d'équilibre sachant que l'extension de la ville croît inexorablement vers le Sud. Encore que ce projet, quelque peu baroque d'une maison de verre pour 16 milliards de centimes) et loin d'être grandiose à l'égal du statut d'une cité millénaire, en témoigne la petite surface retenue pour son implant, souffre de l'absence d'espaces verts à même d'agrémenter un hôtel de ville avec tout ce que cela suppose comme connotation noble ou à même d'exprimer un idéal esthétique. En tous les cas il ne répond pas à un souci de zoning sachant que la densité à l'intérieur du vieux tissu urbain représente quelque chose comme plus de 1000 habitants/km². L'association mue ou pas dans son approche par des raisons liées à l'esthétique cite aussi le rayonnement qu'aurait pu jouer ailleurs la réalisation de cet équipement stratégique dans l'équilibre urbanistique. A la vérité on doit ajouter que ce développement anarchique de l'urbanisme, loin de constituer une préoccupation majeure, n'est pas fait pour rendre à la ville toutes les composantes de son entité structurelle, globale, sociale, culturelle, politique et économique, d'où l'urgence de repenser le développement durable qui implique de fait la mise en place d'instruments adéquats et de tracer des objectifs tendant à réconcilier le citoyen avec la ville, l'assurance d'une croissance urbaine homogène intégrant les diverses fonctions et activités et surtout en ce cas d'espèce la recherche d'une complémentarité avec le monde rural dans l'optique d'un renversement des mouvements des populations. Maintenant que le projet connaît une exécution rapide pour le moins inhabituelle comme pour contrecarrer les militants écologiques, et, au moment où le wali tarde à trancher la question (l'oeuvre n'est pas de trop et pourra bien se substituer à un autre équipement socioculturel), il serait intéressant de savoir à quoi rime un débat sur l'environnement et subsidiairement la mise en place d'une nouvelle organisation pour la gestion de la ville, si l'administration continue au mépris des lois et des avis des citoyens à asséner des coups mortels à cet environnement. En tous les cas la reconversion éventuelle de ce projet constitue pour les militants de l'association la clef de toute la problématique de la gestion de l'urbanisme dans la ville. Une ville qui vient de vivre une révolution de palais trop belle pour être vraie ! Un maire qui jette l'éponge et un autre, jeune de surcroît, porté sur l'urbanisme qui tarde à dévoiler son jeu, il est vrai à brève échéance des élections locales. Ni recomposition du bureau exécutif ni celle des commissions.