Fidèle à son discours avant-gardiste, Mme Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT), a dénoncé de nouveau les tentations libérales du gouvernement qualifiées de porteuses de dangers réels pour le pays. Mais avant de passer en vue la situation politique et économique du pays, Mme Hanoune, invitée hier du forum du journal arabophone El Youm, a adressé une réplique acerbe à Lucio Guerrato, ambassadeur de l'Union européenne (UE) à Alger. Lors de sa dernière conférence de presse, ce dernier a en effet fait le point sur les accords d'association avec l'UE et déclaré que l'injection de 55 milliards de dollars dans les circuits de l'économie nationale n'est pas un choix fiable. Ces observations n'ont pas été du goût de l'oratrice qui a estimé que cette sortie médiatique est une « grave ingérence dans les affaires internes de l'Algérie ». La porte-parole du PT est catégorique : les accords d'association avec l'UE mèneront l'Algérie vers un naufrage inédit. Se fondant habilement sur les expériences des pays ayant adopté le même modèle économique que l'Algérie, le Brésil et certains pays africains, entre autres, Mme Hanoune a tiré la sonnette d'alarme et suggéré au président de la République de mettre fin aux choix économiques de son équipe. L'Algérie, a-t-elle souligné, n'est toujours pas en position de force pour signer de tels accords qui, selon ses dires, pourraient avoir des répercussions désastreuses sur l'économie nationale. « Ces choix dictés par des puissances et des institutions étrangères finiront par démanteler l'économie algérienne (...). C'est un tournant dangereux dans l'histoire du pays », a-t-elle clamé. D'ailleurs, a-t-elle ajouté, « même la loi sur les hydrocarbures participe de cette logique ». Ainsi, a-t-elle expliqué, « l'article 25 de la nouvelle loi sur les hydrocarbures donne aux firmes pétrolières le droit de disposer de gisements qu'elles découvrent. Dès lors, il n'est plus question de privatisation, mais de la disparition pure et simple de Sonatrach ». Abordant la question des 1200 entreprises à privatiser, dont la liste a été rendue publique par le chef du gouvernement à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution, Mme Hanoune a qualifié cette décision de « processus de maffiotisation du pays ». Pour mettre un terme à ce processus, l'oratrice a appelé à « un débat public et profond sur ces questions ». A une question de connaître la position du PT quant au prochain remaniement du gouvernement, la candidate à la dernière élection présidentielle a soutenu que son parti ne fera pas partie d'un gouvernements qui brade les richesses nationales. Néanmoins, le problème, à ses yeux, ne se pose pas en termes d'hommes ou d'équipe. Foncièrement opposée aux projets économiques de l'actuel staff gouvernemental, elle dira : « La question est de savoir ce que fera ce gouvernement et s'il se rétractera quant à ses précédents choix économiques. » D'ailleurs, l'invitée d'El Youm a estimé qu'« un parti minoritaire à l'Assemblée nationale ne peut pas faire partie du gouvernement ». Mais comment et par quel moyen peut-on amener le gouvernement à changer de choix politiques et économiques ? La porte-parole du PT a rappelé les pétitions lancées par sa formation politique pour transmettre au Pouvoir les préoccupations des citoyens. Plus loin, la première responsable du PT a considéré l'organisation des élections partielles en Kabylie un danger pour l'unité nationale. « Cette décision pourrait déboucher sur un autre drame national », a-t-elle averti. En revanche, Mme Hanoune s'est prononcée pour la dissolution de toutes les Assemblées et la tenue d'élections générales.