Le dernier-né de l'avionneur européen Airbus Industrie, l'A380, a effectué hier avec succès son vol inaugural en présence de 50 000 personnes et 500 journalistes. Il a pris son envol depuis l'aéroport Toulouse-Blagnac. Il a effectué un vol d'essai d'environ quatre heures, marqué par une large boucle au-dessus de l'Atlantique, à une vitesse de croisière de 370 km /h et une altitude de 3000 m. Des parkings ont été aménagés en bordure de piste pour permettre aux spectateurs de se masser le long des grillages. Deux pilotes, Claude Lelaie et Jacques Rosay, étaient aux commandes et « à l'écoute » de l'appareil pour ce vol d'essai. Le premier, 58 ans, directeur des essais en vol, a à son actif 14 000 heures de vol, dont 7500 en essais militaires et civils. Le second, 55 ans, chef des pilotes d'essai d'Airbus, affiche lui 10 000 heures à son compteur dans les airs dont 6000 pour des essais. Outre les deux pilotes, l'avion a emporté à son bord trois ingénieurs navigants. Il y a une dizaine d'années que les études de la conception de cet avion ont été lancées. Le projet aura coûté environ 12 milliards d'euros. Ce vol inaugural a été une démonstration de technologie et d'élégance avec un atterrissage majestueux. Il a permis aux pilotes et techniciens de tester l'équilibrage et la vitesse de l'avion. A leur descente de l'appareil, l'équipage semblait ravi. L'un des membres a même levé le pouce pour signifier que tout s'est bien passé, saluant « cette performance technologique ». Plus de 6 000 ingénieurs à travers le monde ont travaillé ensemble en temps réel sur ce programme. Plusieurs compagnies aériennes ont déjà pris commande de l'A380 dont China Southern Airlines, Air France et Qatar Airways. La première compagnie à recevoir ce gros porteur sera Singapor Airlines. Airbus a dépassé son concurrent Boeing pour la première fois de son histoire. La société a également conforté sa position pour tirer profit du rebond attendu du trafic aérien mondial qui devrait afficher une croissance annuelle proche de 5 %. Après un ralentissement, le trafic aérien mondial de passagers devrait enregistrer une croissance prépondérante dans les années à venir. Sa reprise en 2004 a été marquée par une évolution de 6,2 %. La mise en service de cet appareil en juin 2006 relancera la vive compétition que se livrent Boeing et Airbus. Avec une capacité de 550 sièges ou 150 tonnes de fret, l'A380 peut transporter un nombre plus important de passagers et contribuer ainsi à contenir le nombre de mouvements d'avions. En termes de niveau de bruit, l'A380 offre des performances très supérieures à celles du B747-400, classé au chapitre 3 comme les avions les plus récents et les plus performants d'aujourd'hui. La consommation de carburant sera inférieure de 20 % à celle du B747. Enfin, le coût de revient par passager sera inférieur d'environ 15% à celui des autres « gros porteurs ». Le A 380 est le plus gros avion de ligne jamais construit : 73 m de long, 560 t de masse maximale au décollage et un train d'atterrissage de 22 roues. L'avion compte deux étages et peut franchir 15 000 km lorsqu'il a 555 passagers à bord, alors que la version haute densité, pour de courtes distances sur les lignes intérieures, transportera jusqu'à 850 passagers.