Les 71 directeurs d'Instituts nationaux spécialisés de formation professionnelle (INSFP) ont été réunis avant-hier par le ministre El Hadi Khaldi en vue de mettre ces établissements en adéquation avec les besoins de l'économie nationale en matière de main-d'œuvre. A cet effet, 4 ateliers de travail ont été installés pour dégager des recommandations tant sur le plan pédagogique qu'organisationnel. La tutelle propose, comme stratégie de développement, de remplacer le système de répartition d'instituts à travers les 8 régions du pays par la création de 6 pôles d'INSFP. Le pôle qui regroupe 4 à 10 wilayas est composé d'un certain nombre d'instituts spécialisés. La nouveauté dans ce texte est que ces établissements seront, désormais, chargés de développer des spécialités qui correspondent aux besoins des secteurs utilisateurs d'un même pôle, mais aussi à un besoin national. La directive principale tracée par le ministre consiste à adopter la stratégie de formation de demande et non, comme c'est le cas actuellement, d'offre. La rencontre de ce jeudi reste, à juste titre, marquée par l'intervention de Khaldi qui ne s'est guère montré tendre avec les acteurs du secteur. Avec un verbe franc et parfois même agressif, le ministre lance à l'adresse de l'assistance : « Si la formation professionnelle ne répond pas à la demande de l'économie nationale, notamment au marché de l'emploi, il serait préférable de supprimer ce secteur. » Le bilan dressé par le ministre, depuis la création des INSFP en 1990, fait ressortir un décalage entre l'offre de formation et les besoins du marché national et même régional. Par ailleurs, la capacité d'accueil n'arrive à satisfaire qu'environ 58% de la demande exprimée à l'occasion de chaque rentrée. Sur le même volet, l'implantation et la répartition géographique de ces instituts dans les différentes wilayas n'obéit à aucune démarche normalisée, souligne le ministre. Pour appuyer son constat, Khaldi fera remarquer que la spécialité techniques administratives et de gestion et celle de l'informatique représentent, à elles seules, près de 67% de l'encadrement formé alors que le secteur du bâtiment travaux publics, jugé primordial, n'a bénéficié que de 5,4%. Même le résultat positif enregistré par la filière de l'informatique demeure amputé par l'inexistence d'une formation en maintenance. Pour ce qui est des techniques audiovisuelles et des technologies nouvelles, le responsable du secteur regrette que l'effectif préparé n'ait pas atteint 1%. Qualifiant ces résultats de « déséquilibres inquiétants », Khaldi dira que de nouvelles orientations seront mises en œuvre dès la prochaine rentrée. Déjà, un plan d'action urgent est prévu dans les tout prochains jours où quelque 4000 formateurs vont bénéficier d'une session de formation et de perfectionnement. Sur le même registre, le ministre n'exclut pas l'éventualité de recourir au recrutement de formateurs étrangers pour encadrer les spécialités accusant un déficit. L'exemple des Chinois dans le secteur du bâtiment est déjà évoqué. Cette option devient presque inévitable en sachant que l'effectif de la saison 2004-2005 est estimé par le ministre à au moins 100 000 élèves avec une moyenne de 1200 par institut. A ce propos, Khaldi s'engage à accueillir tous les candidats en procédant à leur inscription automatique par orientation. Côté organisationnel, le secteur sera renforcé par un conseil scientifique réservé exclusivement aux formateurs. Passant au crible le décret exécutif du 28 juillet 1990 portant statut des INSFP, le ministre reconnaît que les objectifs assignés à ces établissements n'ont pas été atteints. A noter qu'une réunion regroupera aujourd'hui à Alger les ministres de la Formation professionnelle, de l'Education et del'Enseignement supérieur.