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Performance musicale andalouse
Annaba Rachid Guerbas, le fou de Grenade
Publié dans El Watan le 03 - 05 - 2005

Récemment à travers un concert de musique arabo-andalouse, le public de Annaba découvrait un ensemble vocal et instrumental de musique, El Albaycin, sous la direction de son créateur Rachid Guerbas.
Jamais le théâtre régional Azzedine Medjoubi n'avait paru aussi étroit que ce jour-là face à un rush de spectateurs, dont la ministre algérienne de la Culture, son homologue de la République de Pologne et des représentants diplomatiques accrédités à Alger et Annaba. Dans Le Fou de Grenade tiré du Fou d'Elsa de Louis Aragon, l'ensemble composé de musiciens de différents horizons et de cultures ne s'est pas limité à un argumentaire sur la nécessité de rapprocher les hommes de toutes les couches sociales, identités et religions. Par des signes annonciateurs d'un retour aux sources de la musique, où se mélangent la vie, le beau, l'amour, la passion et la tragédie, où se mêlent également l'espérance et le désespoir, la création mondiale Le Fou de grenade a voulu confirmer qu'il est un événement important. En une heure et demie sans intermède, le public a eu à vivre une multitude de tirades de l'auteur du Fou d'Elsa de Louis Aragon avec le chant de Bâb al-beïra « T'en souviens-tu du beau temps qu'il faisait... T'en souviens-tu dis-moi des chevaux et des hommes... les cavaliers avaient l'air d'aller à l'école. Habillés pour la mort aux couleurs du matin. Ils chantaient des chansons sans parole. Et regardaient mûrir le jour de leur destin. » Sublime et subliminale jusqu'à atteindre l'envoûtement que cette création qui, pour Rachid Guerbas, a nécessité 10 années d'efforts à l'Ecole nationale de musique de Bourges. Qui est le meneur dans cette création aux mille et une couleurs, aux mille et une féeries ? Rachid Guerbas, l'auteur algérien installé en France depuis 1976, le chercheur invétéré de tout ce qui a trait aux nouvelles formes et genres musicaux, ce passionné de chaâbi et de musique populaire algéroise, le sélectionneur de tout ce qui a trait à la musique arabo-andalouse, ce compagnon de grands noms de la guitare classique : Alexandre Lagoya, Carel Ahrms, Manuel Barrueco, Serge Assad, et du compositeur Maurice Ohanna, le créateur du première ensemble de musique arabo-andalouse Nawba en France, ce musicien et compositeur qui participa au succès de plusieurs créations théâtrales comme 1962 primée au festival de Lugano Suisse, Les dits de lumière et d'amour au Festival d'automne à Paris, La Chanson de Roland et L'Enfant désaccordé de Jean Sénac aux rencontres d'El Qantara (France). Qui est celui qui a réussi à titiller les sentiments des spectateurs en leur parlant du Fou de Grenade ? Est-ce Hocine Boudjemaâ, ce comédien, metteur en scène et écrivain. Celui-là même qui trouva à redire en mettant en scène Les Caprices de Marianne de De Musset, sur Le Mariage forcé de Molière, sur La Maison de Bernarda Alba de Lorca. Boudjemaâ ce comédien, aussi, aux multiples talents qui maîtrisa mieux que quiconque Les Fourberies de Scapin, celles du Bourgeois gentilhomme de Molière, du Barbier de Séville et de la Vie parisienne ? Ou est-ce tout simplement les hommes et les femmes d'expérience, formations, cultures, origines, religions et âges différents, qui, sous la direction de Rachid Guerbas, composent l'ensemble Albaycin ? Bien hasardeuse question, faux dilemme et oiseux cloisonnement que l'on a voulu mettre en relief en parlant du Fou de Grenade tel que vu et entendu à Annaba. Sur le plancher du théâtre régional Azzedine Medjoubi se sont fait entendre des instruments et des voix dans un silence de recueillement digne d'une mosquée ou d'une église.
Guerbas, le pédagogue
Il y avait de quoi, avec ce mélange de chants et de musiques d'Orient et d'Occident qu'a réussi à créer Rachid Guerbas. Que ce soit durant l'inquilab (hors programme), m'shalya, tushiyya, mseddar, interlude, btayhi avec la mélancolie du dernier roi de Grenade ou le darj, ce joueur d'échecs, le tushiyya insiraf, ou encore l'insiraf, le temps et le khlass Elsa, tout est d'une illumination où sont frappés et éclairés par le rayon lumineux de la grâce divine les tonalités et les sons des musiciens et chanteurs. Il y a de la fraîcheur et de la spontanéité comme si Le Fou de Grenade était devenu trop intelligent pour réussir de grandes et belles choses, trop conscient de lui-même, du message de Louis Aragon, trop méprisant du monde d'aujourd'hui fait de guerre et d'argent. Telle que conçue par Rachid Guerbas, la musique arabo-andalouse est un genre dans lequel la danse, les chansons, la musique, la vie, le théâtre, les scènes de la rue, l'actualité de la fantaisie, le rêve et la réalité sont complètement imbriqués, mêlés. C'est une musique qui pulse et emporte l'adhésion immédiate. Une musique rarissime où l'on ressent le plaisir immédiat, simple, primaire qu'on pourrait croire strictement réservé à une musique que l'on adore. La musique du Fou de Grenade donne l'impression d'une éruption, dans la vie de celui qui l'écoute. Il s'agit en quelque sorte d'une éruption d'un esprit mythique ou d'une mise en place d'un équivalent héroïque de personnages joyeux, amoureux, contemporains et dévastateurs créés par Louis Aragon. Il s'agit du résultat d'un ensemble composé des meilleurs musiciens. On trouve dans Le Fou de Grenade, une éloge de professionnalisme qui transforme des musiciens en personnages à part entière tout en leur conservant leur charisme particulier, leur magie propre avec un arrangement tellement superbe qu'on ne s'étonne même pas de les écouter. Qui mieux que Mustapha Bahar a su donner au Fou de Grenade sa véritable dimension lorsqu'il souligne : « Le chant est privilégié dans un dialogue incessant entre la voix et les instruments. La nawba est le support d'une poésie lyrique, la poésie précieuse de l'amour courtois qui, derrière l'apparente banalité des thèmes (Dieux, l'amour, la nature, l'exil...), revêt une portée métaphysique universelle, cette poésie allégorique est exaltée par une certitude : la fragilité des choses et des êtres. Ce qui lui confère une gravité émouvante : mélange subtil de sacré et de profane, de spiritualité et de sensualité, de mysticisme et de raison. » En affirmant que dans Le Fou de Grenade la sagesse stoïcienne conforte la richesse épicurienne de la volupté et la sérénité dépasse la nostalgie que, parfois, ces vers dégagent. Et en ajoutant que, vieille de plus d'un millénaire, cette musique éminemment humaine continue de rayonner de tout son universalisme, Mustapha Bahar savait-il qu'il donnait là l'image précise de la grande performance musicale réalisée par Rachid Guerbas ?


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