Un dispositif de sécurité des plus importants a été déployé très tôt hier, aux alentours du tribunal de Sidi M'hamed. Des policiers armés de matraque ont été dépêchés sur les lieux pour disperser les enseignants venus soutenir leurs collègues affiliés au Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST), poursuivis en justice par le ministère de l'Education nationale. L'heure était hier à la mobilisation. Des représentants de plusieurs syndicats autonomes, de partis politiques, d'associations, des enseignants affiliés au Conseil des lycées d'Alger (CLA) se sont rendus au tribunal pour soutenir les enseignants du CNAPEST. Pour rappel, le CNAPEST avait appelé, jeudi dernier, les enseignants à se mobiliser et à faire de la journée d'hier une journée de protestation et de solidarité. Les enseignants qui ne pouvaient pas se déplacer au tribunal devaient organiser soit des rassemblements, soit des sit-in à l'intérieur de leur lycée. Ce qui implique dans les deux cas de figure un arrêt de travail. En effet, en évaluant l'action en question, le CNAPEST estime le taux de suivi de la grève - puisqu'il n'y a pas eu de cours - à 80% à l'échelle nationale, le taux de suivi au niveau de la capitale a dépassé les 70%. Dans plusieurs wilayas, à l'instar d'Oran, de Sidi Bel Abbès, de Aïn Defla, les enseignants ont observé des sit-in et des rassemblements devant les académies de leurs wilayas respectives pour exprimer leur mécontentement et leur solidarité avec leurs collègues. En revanche, c'est la quatrième plainte (l'une en pénale et les trois autres sont d'ordre administratif) adressée en l'espace d'un mois aux sept membres influents du CNAPEST. Hier, certains enseignants se sont présentés aux environs de huit heures devant la chambre administrative du tribunal de Sidi M'hamed alors que le procès n'était prévu qu'à partir de 13h. « Certains enseignants ont reçu des convocations leur demandant de se présenter au tribunal à 8h 30. Une fois sur place, ils découvrent que leur affaire est programmée en début d'après-midi. Ayant pris connaissance du déplacement massif des enseignants au tribunal, les policiers étaient alors au rendez-vous », dira l'un des enseignants présents sur les lieux. A 13h, des dizaines d'enseignants du secondaire ont occupé l'artère principale du tribunal, et ce, avant de faire irruption dans le hall du tribunal, sous l'œil vigilant des agents de sécurité qui se sont mis un peu à l'écart. Les sept enseignants ne sont pas cette fois-ci poursuivis en référé. Ce qui sous-entend que la plainte du ministère de l'Education nationale suivra la procédure normale. Les avocats des enseignants ont pris possession de la requête du ministère de tutelle, qui stipule que les enseignants n'ont pas le droit de parler au nom du CNAPEST et aucune personne n'a le droit d'appeler à une grève au nom de ce syndicat. En l'absence de conciliation entre les deux parties en conflit, il y aura l'ouverture d'une instruction administrative où le tribunal traitera l'affaire d'une manière approfondie. Par ailleurs, la plupart des enseignants étaient scandalisés de voir le dispositif impressionnant mis en place. « Nous ne sommes pas des malfaiteurs. Nous menons un combat pacifique et nous souhaitons qu'il y ait un dénouement de cette crise. Nous voulons l'ouverture d'un dialogue sérieux pour éviter toute escalade et éviter également à nos élèves des perturbations à l'approche des examens de fin d'année », a indiqué un enseignant.