Nous ne sommes pas des terroristes, mais de simples enseignants. Des maîtres d'école qui revendiquent une vie décente. Vous n'avez pas le droit de nous malmener ni de nous brutaliser. Nous sommes ici pour exprimer notre mécontentement », a lancé hier une enseignante à l'égard des policiers dépêchés au niveau du ministère de l'Education nationale pour empêcher le sit-in auquel ont appelé les membres de la Coordination intersyndicale des travailleurs de l'éducation (CITE). Un important cordon de sécurité a été déployé aux alentours du lycée Bouamama situé non loin du département de M. Benbouzid. Des casques bleus, des policiers en tenue de service et en civil ont occupé les lieux bien avant midi. Heure fixée par la coordination pour le début du rassemblement. Des dizaines d'enseignants, à leur tête les porte-parole des quatre syndicats composant la CITE, étaient au rendez-vous. Les enseignants sont venus des quatre coins du pays pour prendre part à cette manifestation qui coïncide avec la deuxième journée du mouvement de débrayage. Avec des banderoles, les enseignants ont commencé à scander des slogans hostiles aux responsables du ministère et aux pouvoirs publics. « Nous voulons une augmentation de salaire et nous sommes contre la répression », « Le syndicat existe et existera »... Ces propos n'étaient, apparemment, pas du goût des services de sécurité qui ont décidé « sur ordre » d'intervenir de façon brutale pour, non seulement, disperser la foule mais pour arrêter également les enseignants qui criaient leur ras-le-bol de la situation. Ils voulaient être entendus par toute l'Algérie. Vers 12h10, Redouane Osmane, porte-parole du Conseil des lycées d'Alger (CLA), a été encerclé par des policiers en civil qui l'ont sommé de les suivre. Menotté, M. Osmane a été embarqué dans une voiture de marque Nissan. Trois autres enseignants ont fait aussi l'objet d'arrestation. Par la suite, les policiers s'en sont pris à un journaliste, ils l'ont malmené, arrêté et relâché après. Cette violence inégalée de la part des policiers a surpris l'ensemble des manifestants qui ne s'attendaient pas du tout à un tel comportement. « Que vont penser nos élèves qui nous observent des fenêtres de cet établissement. Cette image sera marquée à jamais dans leur mémoire. Ils vont croire qu'en Algérie une personne qui revendique ses droits sera inévitablement tabassée », a crié en larmes une dame. « C'est navrant et triste de traiter les enseignants comme des malfaiteurs », a-t-elle lancé. Solidaires avec leurs collègues, les manifestants ont refusé de quitter les lieux si les enseignants arrêtés n'étaient pas libérés dans l'immédiat. Le responsable de l'opération a saisi l'occasion et accepté la proposition des collègues de M. Osmane. Une heure après, celui-ci est libéré et les enseignants se sont dispersés et se sont donné rendez-vous au siège du FFS. Les organisateurs du rassemblement ont animé une conférence de presse dans laquelle ils ont dénoncé la brutalité des services de sécurité. « Ils ont dépêché des dizaines de casques bleus pour matraquer les enseignants afin d'empêcher leur rassemblement. Ils nous ont demandé de nous rendre à l'UGTA. Je ne comprends pas pourquoi un syndicat autonome qui se bat pour ses droits doit manifester son mécontentement au niveau de la centrale syndicale », explique un syndicaliste. De son côté, M. Lemdani a invité les journalistes à être témoins de la situation. « Vous avez constaté de visu le traitement réservé aux enseignants. Nous avons été tabassés au moment où M. Benbouzid parle de situation d'apaisement et de dialogue. » La coordination a aussi dénoncé le comportement des policiers vis-à-vis des journalistes et ont réitéré leur position quant au respect de la liberté d'expression. Les membres de la coordination tiendront dans les prochains jours une réunion d'évaluation du mouvement de grève de deux journées et consulteront la base pour arrêter les actions futures.