En plus de l'isolement étouffant qui mine la commune de Oued Athmenia tant au plan social qu'économique, alors qu'elle est située à quelques encablures de la RN 5, ses habitants devront aussi subir les aléas frustrants de la gestion approximative du réseau AEP, sauf pour les 40 000 âmes, dont 22 000 à Oued Athmenia-Centre, qui sont principalement alimentés par deux forages cumulant un débit fort satisfaisant de 60 l/s. Il ne s'agit pas là de désagréments liés à des restrictions drastiques dans la distribution du précieux liquide, mais de la survenance d'un phénomène géologique de fissuration qui a contaminé la nappe phréatique souterraine, polluant ainsi l'ensemble du réseau de la localité. L'apparition de cet incident remonte à avril 2003, lorsque le taux de remplissage du barrage Grouze, implanté en amont de la commune, a atteint sa capacité théorique, soit 45 millions de mètres cubes. Cela étant, la composition géologique de consistance karstique du barrage a contribué et facilité l'infiltration des eaux brutes du barrage dans la nappe souterraine. Rencontré à cet effet, le P/APC, Abdelouahab Khengui, corrobora la version des faits en déclarant en substance : « Devant cette situation, des techniciens de l'Agence nationale des ressources hydriques (ANRH) de Constantine, spécialement délégués sur les lieux pour la circonstance, ont dressé un état des lieux et procédé à des analyses méticuleuses qui ont confirmé la contamination des deux forages. » Les études techniques et les résultats des analyses effectuées sont catégoriques : l'eau qui coule des robinets est impropre à la consommation et, par voie de conséquence, déclarée non potable. L'incidence ou les dommages sur le quotidien des riverains auraient été banals, voire insignifiants et personne d'ailleurs n'aurait taxé les responsables de la municipalité de mouche du coche, si le problème avait été circonscrit dès sa manifestation, il y a deux ans, et examiné avec toute la rigueur et le sérieux que requiert pareille problématique. En tout état de cause, un ersatz à cette épineuse question a été dégagé de commun accord entre l'APC et les services techniques de la daïra et qui consiste à approvisionner temporairement la population à partir de la station de traitement des eaux de Constantine, sise en aval du barrage Grouz. Ersatz dans la mesure où le prix est chèrement payé par la commune. Et pour cause. La direction de l'Algérienne des eaux (ADE) de Mila, qui semble ne ménager ni la chèvre ni le chou, est en train de saler l'ardoise de l'APC en lui facturant sans discontinuer 145 millions de centimes mensuellement, alors que les dettes cumulées ont atteint 2 milliards. Un paradoxe qui n'a pas été sans mettre notre interlocuteur hors de ses gonds : « Le principal forage de la commune de Aïn S'mara a subi les mêmes avatars (pollution du réseau AEP), pourtant l'ADE n'a pas hésité à prendre en charge la distribution de l'eau potable et la gestion du réseau. » « Nous exigeons expressément que l'ANB prenne à son compte les frais et les dépenses induites », renchérit-il. Entre une commune dont les recettes n'excèdent pas, au mieux, les 3 milliards et un volume des dettes de 2 milliards qui ne cesse de s'amplifier, y a pas photo.